L'abbé Hesse et ses petits secrets ...

 

Les ABS sont généralement à 3 ou 4 canaux, et à 3 ou 4 capteurs. Le nombre de canaux désigne le nombre d'électrovannes, sachant qu'on en a une pour chaque roue avant, et une ou deux pour l'AR. Même principe pour les capteurs, sachant qu'à l'AR on peut se contenter d'une prise de vitesse sur le pont, ou d'une mesure sur chacune des roues.
Les capteurs sont constitués d'une tige polaire liée à un aimant permanent et d'un enroulement. Le défilement des dents de la cible devant le capteur produit une variation du champ magnétique et provoque l'apparition d'un signal alternatif dans l'enroulement. Ce signal est ensuite filtré et "rectangularisé" avant d'être transmis au calculateur.  

Le système Bosch :

En freinage normal, la décélération de la roue reste à peu près constante, les électrovannes ne sont pas alimentées et le circuit de freinage fonctionne normalement. Lorsqu'une tendance au blocage est détectée sur l'une des roues, le calculateur commence tout d'abord par une phase de maintien de la pression de freinage : un piston actionné par l'électrovanne se déplace et vient fermer le circuit de freinage, ce qui empêchera la pression d'augmenter si le conducteur appuie davantage sur la pédale. Si la tendance au blocage persiste, le piston continue à bouger et ouvre le circuit vers un accumulateur hydraulique. Pour éviter la saturation de cet accumulateur, une pompe de refoulement récupère le liquide et le réintroduit dans le circuit principal. La pression fournie par cette pompe est de l'ordre de 200 bars, et c'est son action brève et saccadée que l'on ressent à la pédale (malgré un passage du liquide à travers une "chambre de silence", prévue pour atténuer ces vibrations).
Les électrovannes des roues AR sont commandées simultanément pour garantir la stabilité du train AR, et le calculateur prend en compte les informations fournies par le capteur de la roue la plus lente.

Le ralentissement maximal d'un véhicule est obtenu pour un taux de glissement particulier tg, calculé à partir de la vitesse de translation v du véhicule et la vitesse de rotation w des roues (dont le rayon est r) : tg = 1 - w.r/v

Deux exemples simples permettent de comprendre la signification de cette quantité : quand la voiture est en roue libre, la vitesse circonférentielle de la roue est égale à la vitesse du véhicule : w.r = v, et le taux de glissement est nul. Lorsque la roue est bloquée, en revanche, w = 0. Le glissement est alors de 100%.
L'expérience montre que le freinage optimal est obtenu pour un taux de glissement déterminé, qui varie selon le revêtement. Il est de l'ordre de 30% sur route sèche, mais peut descendre jusqu'à 10% sur sol faiblement adhérent.

La stratégie du calculateur d'un ABS doit donc s'articuler autour de la recherche de ce taux de glissement optimum. Ceci passe malheureusement par une connaissance directe de la vitesse du véhicule, qui n'est pas disponible (précisément parce que la vitesse que donne le tachymètre n'est que déduite de la vitesse de rotation des roues). Le système va donc calculer une grandeur équivalente, appelée vitesse de référence, généralement à partir de la vitesse de deux roues prises en diagonale. Dès que la phase de régulation commence, les vitesses des roues n'ont plus de signification, et le calculateur se base donc sur la dernière vitesse de référence calculée avant régulation, qu'il fait diminuer selon une pente prédeterminée. Lorsque la décélération angulaire de la roue passe sous une valeur donnée (-a), l'électrovanne passe en position de maintien de la pression, et calcule indirectement la vitesse de référence. Si la vitesse de la roue reste supérieure à (1-tg) vref, poursuite de la phase de maintien de la pression. Si la vitesse de la roue descend en-dessous de (1-tg) vref, réduction de la pression jusqu'à ce que l'accélération repasse au-dessus de -a. Lorsque c'est le cas, maintien de la pression. Si l'accélération angulaire, redevenue positive, dépasse un seuil +A, une remontée de la pression est provoquée, et cette pression est maintenue jusqu'à ce que la décélération redevienne négative. La pression est alors augmentée par paliers, jusqu'à détecter de nouveau une tendance au blocage, et la vitesse de référence est actualisée.

Lorsque l'adhérence est faible, la stratégie du calculateur est différente. Compte tenu du temps dont les roues ont besoin sur sol glissant pour sortir de la phase de glissement, il lui est possible d'approximer le coefficient d'adhérence de la chaussée.