J'avais certes fait encore 670 bornes lors de la deuxième étape, mais mon postérieur avait eu droit ensuite à trois jours de repos. Il était donc fin prêt pour attaquer, toujours en deux étapes, le retour vers la région honnie, et toujours en évitant autant que faire se peut les routes limitées à plus de 90 km/h ... Et il est évident que je n'allais pas me refuser le second tronçon trois étoiles (le premier c'était les Ollières - le Cheylard, suivez un peu quoi ...), à savoir la Route Napoléon entre Grasse (disons St-Vallier, en fait) et Digne. Si ça c'est pas du panard fait route, je ne sais pas ce que c'est. Et l'avantage sur le tronçon partant du Cheylard dont je parlais un peu plus tôt, c'est que là il y en a sur plus de 100 bornes ... Vous vous imaginez, franchement, 100 bornes de virolos, de virolos, et encore de virolos, sur un billard, avec certes quelques chicanes mobiles (mais si peu gênantes ...), mais un sourire comme ça sous votre casque ? Couillon comme je suis, j'ai laissé cette belle route Napoléon 20 kilomètres avant Digne, à Chaudon Norante, histoire de voir à quoi ressemblait ce col du Corobin qui me faisait rêver dans mon enfance (Monte-Carlo oblige ...) Bien mal m'en a pris, parce que ce n'est pas _du tout_ une route à faire en moto. Etroit, gravillonné, et un peu bosselé, bref, une vraie spéciale, certes, mais à ne pratiquer qu'avec quatre roues (motrices de préférence), et en ayant pris soin de fermer le tronçon. J'ai ensuite laissé la N85 qui, si mes souvenirs sont bons, est ensuite moins intéressante (elle n'est d'ailleurs plus bordée de vert sur ma carte, c'est un signe qui ne trompe que rarement), pour emprunter la D900. C'est assez rapide jusqu'à la Javie, un peu moins jusqu'à Seyne, et on arrive à hauteur de Sélonnet, où je prends la D900c qui serpente dans les Gorges de la Blanche. Ce tronçon est déjà plus étroit, le revêtement moyen, mais le cadre est splendide. On traverse ensuite la Durance pour emprunter la D3 en direction de Chorges, ce qui fait monter vers le lac de Serre-Ponçon par la gauche. Le barrage est impressionnant, et il faut faire un effort pour regarder la route plutôt que le décor. Juste avant le point culminant de la montée, point d'où la vue sur le lac, presque vert, est splendide, il faut se méfier énormément du tunnel de quelques centaines de mètres que l'on emprunte. Il n'est pas éclairé du tout à l'intérieur, et la luminosité était telle juste avant que l'on n'y voit absolument rien à part la sortie. Heureusement que son tracé est parfaitement rectiligne, parce que c'est vraiment très surprenant. Et pas question de s'arrêter le temps que les yeux s'adaptent, car ce serait le meilleur moyen de se prendre quelqu'un dans le c^Wenfin dans ce qui vous en resterait selon le confort de votre monture. On redescend ensuite vers Chorges, puis emprunte un petit bout de N94 vers l'ouest avant de bifurquer vers la Batie Neuve pour éviter Gap. Il faut ensuite suivre la Rochette - col de la Manse, tronçon pas désagréable du tout, puis continuer sur la D14 jusqu'au Cros, avant de retrouver le fléchage vers Grenoble puis de retomber sur la N85. Elle y est d'ailleurs bien moins rigolote qu'au début, trop rapide. Je ne compte pas passer par Grenoble, donc la quitte à Laffrey pour rejoindre la vallée de l'Oisans. La D113 entre Laffrey et Séchilienne est surprenante ; très étroite, sur le versant nord et en forêt donc complètement à l'ombre, la température y est particulièrement fraîche. Le revêtement y est refait, mais la visibilité réduite et l'impossibilité de s'y croiser confortablement empêchent d'en profiter. Ceci dit, les cyclistes la connaissent bien, apparemment ... Après une vingtaine de kilomètres sur la N91, je prends ensuite la direction d'Allemond, Oz et Vaujany. C'est un peu surprenant, mais les cols du Glandon et de la Croix de Fer ne sont pas indiqués depuis la nationale. Une vieille station Avia, avec des pompes à affichage mécanique, me permet heureusement de faire le plein à Allemond avant d'attaquer les cols, mais ce n'est pas une station à CB ouverte 24h/24, donc méfiance si vous passez par là, les occasions de faire le plein ne sont pas nombreuses. On entre en Savoie à hauteur du barrage de Grand-Maison, et les décors de lac en "haute"-montagne sont toujours superbes. La végétation change en effet à peu près à ce niveau, les forêts disparaissent pour laisser la place aux seuls alpages. La fin de la montée est tip-top, et la visibilité largement suffisante pour se lâcher quelque peu. L'avantage du Glandon, c'est que ce n'est pas un col très connu, et qu'il n'y a donc pas foule au sommet, et en tout cas pas de restos d'altitude. Un peu sauvage, coâ. La redescente est, comme souvent, sympa si on a plusieurs disques et jeux de plaquettes en réserve ... Sinon, c'est rythme balade, et inutile d'espérer faire beaucoup mieux qu'un petit 60 de moyenne. J'ai d'ailleurs mis env. 25 minutes pour faire les 22 kilomètres jusqu'à St-Etienne de Cuines. Le col de la Madeleine est ensuite bien indiqué. La configuration est un peu la même qu'au Glandon, à savoir que le début est pas très rigolo, avec pas mal d'épingles, alors que la fin est beaucoup plus sympa dès que la forêt disparaît. Il y a davantage de monde au sommet (2000 mètres), en partie à cause des susdits restos, et je n'y reste donc pas très longtemps. La D94 permet ensuite de redescendre vers la Léchère. De là, N90 vers Albertville puis N212 jusqu'à Ugine sont sans intérêt. Cette même 212 est en revanche beaucoup plus intéressante, après Ugine, et le cadre des gorges de l'Arly ne gâche rien. Bref, ça serait pas loin de mériter les trois étoiles :-) Il aurait juste fallu un peu moins de circulation, en fait. Mais la proximité des stations de Flumet, très jolie, du Praz sur Arly et de Megève fait qu'il y a quand même un peu de monde. On descend ensuite de Combloux jusqu'à Sallanches, puis emprunte un petit bout de N205 jusqu'à Cluses. La D902 en direction de Thonon est ensuite un excellent moyen de conclure en beauté une telle journée. 590 kms au total ...
Départ de la dernière étape le lendemain, pour une fois à peu près à l'heure. Las, la première tentative de pencher un peu la moto pour prendre un virage me semble particulèrement éprouvante. Bon, je veux bien être un peu fatigué, mais quand même : un coup d'oeil sur le pneu AR me confirme qu'il doit être à peine à 1 bar, une vis plantée bien soigneusement dans la bande de roulement. J'aimerais bien savoir comment elle a pu arriver là, vu que je n'avais rien senti la veille. M'enfin ... La bombe anti-crevaison n'a aucun effet, et m'oblige donc a faire quelques kilomètres au pas, avant de tomber sur un motociste qui m'a bien aimablement posé une mèche. Oui, je sais, ne jamais partir sans un kit de réparation ... Une fois mon Dragon GTS remis en état de nuire, petit coucou aux douaniers suisses pour prendre au plus court vers le Jura. Une fois dans Genève, il faut d'abord suivre la direction de Lausanne avant de voir le panneau Gex. De Gex, la montée au col de la Faucille est encore à noter dans vos petits carnets. C'est bien dommage que le temps ait été encore assez brumeux, car il paraît que la vue sur le massif du Mont-Blanc est unique ... La traversée du Jura, par la N5 puis la N78, est fort sympathique, et le dénivellé moins brutal (bon, ce ne sont pas les Alpes, faut dire ...) que du côté suisse, ce qui confirme mon idée qu'il vaut mieux faire le chemin dans ce sens ... Les virages disparaissent presque complètement un peu après Clairvaux-les-Lacs, à Nogna très précisément. Je me demande d'ailleurs qui a pu filer un nom pareil à un bled. Non, franchement, Nogna ... Surement un motard, qui ne voulait pas aller plus loin parce qu'il laissait des kilomètres de bonheur derrière lui, et qui s'est mis à ronchonner ... Le petit bout de descente sur Lons peut être intéressant à faire en sens inverse (en montée donc, pour ceux qui suivent - y'en a encore ?) si l'on se consacre à la préparation des moteurs. C'est en effet un bout de voie rapide presque rectiligne à près de 10 % de pente. Il suffit de mettre gaz en bas, et de noter la vitesse terminale en haut, ça remplacera efficacement un passage au banc ... Lons - Louhans - Chalon est ensuite un calvaire quasi-obligatoire. J'y ai doublé un type en Harley, qui avait dû se planter de continent vu qu'il croisait à 55 mph (hein, quoi, ça correspond aussi à la limitation chez nous sur les nationales ?) et qui, vu ce que j'essuyais régulièrement sur ma visière, a dû récupérer à manger en se coiffant les dessous de bras après sa balade. Sur la D978 en direction d'Autun, le tronçon Mercurey-Charrecey est pas mal, et je bifurque ensuite à Couches pour prendre la D1 vers le Creusot. Là aussi, le début est plutôt sympathique, ça tournicote bien, même si l'adhérence est parfois suspecte. Je ne descends évidemment pas jusqu'au Creusot, mais prends la D61 vers Marmagne, puis Mesvres, Etang sur Arroux, et St-Léger sur Beuvray, qui marque à une poignée de kilomètres près l'entrée dans le parc du Morvan. Toujours des virolos, mais un revêtement et un confort de roulage qui laissent un peu à désirer. Il n'y a pas à proprement parler de gravillons, mais on entend parfois des "ting" sur le collecteur ou le garde-boue qui ne sont pas des plus rassurants. Je prends ensuite la D3 vers Moulins-Engilbert, mais bifurque à hauteur du Puits, par la D27, jusqu'à Château-Chinon. En-dehors d'un tronçon de 3-4 kms fraichement refait, il est un peu dommage que l'on ne puisse profiter de ces beaux virolos à cause du revêtement ; parce qu'il y a là, et c'est cette fois bien réel, des virages à gravillons et/ou petits cailloux ... Du fait des jeux d'ombre et de lumière, on a en plus un peu de mal à distinguer précisément ce qui nous attend. Dans Chateau-Chinon, il faut d'abord suivre Nevers avant de voir l'indication Corbigny, que je rejoins par la D944 puis la D977 bis. Je prends ensuite la D958 jusqu'à Vézelay. L'état du bitume, bien que tout à fait potable, n'est jamais rassurant à 100 % et empêche de se faire plaisir sans la moindre retenue. Enfin, bon, c'est du caprice d'enfant gâté, parce que j'en ferais bien mon pain quotidien, hein ... Mais là, après ce que je venais de faire, ça n'était pas parfait ... :-) La suite, jusqu'au retour maison-dodo, ne mérite même pas d'être mentionnée ... 650 bornes en tout, donc, pour cette dernière journée.
Histoire de résumer, voici une classification très personnelle des routes les plus sympa que j'ai empruntées :
- catégorie 3 étoiles, panardum maximum, à faire absolument au moins une fois dans sa vie : le Cheylard - les Ollières sur Eyrieux, et St-Vallier - Digne.
- catégorie 2 étoiles, panardum bonum : la route des Crêtes dans les Vosges, la montée du Ventoux depuis Malaucène, la D950 entre Sault et Forcalquier, les sommets du Glandon et de la Madeleine, les gorges de l'Arly (N212), la D902 de Cluses à Thonon, et le col de la Faucille.
- catégorie 1 étoile : presque tout le reste ... :-) A part les itinéraires de liaison rectilignes et chiants, évidemment. Voilà voilà, la retransmission est terminée, vous pouvez éteindre votre écran et aller chercher vos clés de moto.