Carburants et combustion

 

Carburants

Les carburants sont en général des mélanges d'hydrocarbures : pour l'essence, on peut compter environ 20 à 30% d'alcanes de formule CnH2n+2, 5% de cycloalcanes, 30 à 45% d'alcènes et 30 à 45% d'aromatiques. Les propriétés anti-détonantes d'un carburant sont mesurées par rapport à un mélange d'iso-octane (peu détonant), dont le nom exact est 2,2,4-triméthylpentane, et de n-heptane (très détonant, au contraire). Depuis 1922, on sait que l'ajout de 0.5 gramme de plomb (tétraméthyl ou tétraéthyl) par litre de carburant permet de gagner environ 5 points d'indice d'octane. Cependant, la nocivité du plomb pour les organismes (et pour les pots catalytiques :-) ... ) fait que l'utilisation en est aujourd'hui interdite dans nombre de pays.
De manière générale, l''indice d'octane augmente lorsque :
- la longueur des chaînes carbonées diminue
- le nombre de chaînes secondaires augmente (pour un même nombre d'atomes de C)
- le nombre de structures cycliques (cycloalcanes et aromatiques) augmente
L'indice d'octane peut également être amélioré par l'utilisation d'additifs ; les composés organo-métalliques sont les plus efficaces, mais les plus toxiques. L'aniline (C6H5NH2) est un des plus efficaces additifs purement organiques, mais il en faut pourtant environ 30 fois plus (en masse) que de plomb tétraéthyle pour obtenir les mêmes résultats.
Des expérimentations ont abouti à la conclusion qu'une augmentation d'1 point de l'indice d'octane permet d'augmenter d'1.5 à 2° l'avance à l'allumage avant de voir apparaître la détonation.

L'indice de cétane est l'équivalent pour les moteurs diesel de l'indice d'octane pour les moteurs à essence. Un carburant à haut indice de cétane est caractérisé par sa facilité à s'auto-allumer. En effet, plus le carburant résiste à l'inflammation, plus le mélange air-carburant aura le temps de se former, et plus la combustion sera violente. Ainsi, les carburants sont comparés à un mélange d'alpha-méthylnaphtalene (C10H7CH3) et de n-cétane (C16H34), auxquels on associe respectivement des indices de 0 et de 100.

Comme on peut s'y attendre, l'indice d'octane est une fonction décroissante de l'indice de cétane, la relation étant d'ailleurs à peu près linéaire.

Les moteurs à allumage commandé fonctionnent avec des flammes pré-mélangées, ce qui impose un mélange proche de la stoechiométrie. On contrôle la puissance en sortie en faisant varier le débit d'air; réduisant ainsi l'efficacité du cycle.
Pour les diesels, en revanche, on parle plutôt de flammes de diffusion (cf. bougie en cire ...), et le mélange n'est stoechiométrique qu'aux alentours du front de flamme. La puissance est alors contrôlée en faisant varier la quantité de carburant injecté, ce qui permet de substantielles économies à charge partielle.  
La vitesse limite de combustion laminaire d'un mélange air-hydrocarbures est de l'ordre de 0.5 m/s, valeur bien insuffisante dans un moteur, ce qui explique l'importance de la turbulence. Cette turbulence est le fruit des processus d'admission et de compression, et elle est influencée par le dessin de la chambre de combustion. Pour les flammes pré-mélangées, la turbulence permet de "casser" le front de flamme, ce qui permet d'en augmenter la surface et donc d'accélérer la combustion. Elle a le même résultat sur les flammes de diffusion en favorisant la pulvérisation du carburant.

La combustion dans un moteur à allumage commandé

Une étincelle est déclenchée par le système d'allumage lorsque le piston approche de la fin de la course de compression. Le petit noyau de flamme ainsi créé se propage alors dans le mélange non-brûlé. Tant que ce noyau n'atteint pas une taille comparable à l'échelle de la turbulence, celle-ci n'a aucun effet sur la propagation. Cette première phase de combustion est donc laminaire et dure entre 1 et 2 ms, soit de 15 à 30° vilebrequin à 2500 tours. Environ 10 % de la masse de carburant est brûlée à la fin de cette première phase.
C'est dans la deuxiéme phase qu'a lieu l'essentiel de la combustion, et on considère qu'elle recouvre approximativement l'intervalle [10-90 %] de masse de carburant brûlé. C'est la phase fondamentale au niveau de la production de travail mécanique, son "calage angulaire" étant déterminant. L'avance à l'allumage doit donc tenir compte de la durée de la première phase, afin que la seconde débute toujours au moment adéquat. La fin de cette phase est également assez mal définie, mais on la place généralement peu après le pic de pression, qui intervient pour sa part entre 5 et 20° vilebrequin après le PMH. Cette deuxième phase a donc une "durée angulaire" constante, ce qui signifie qu'elle se raccourcit lorsque le régime augmente, contrairement à la première phase. Elle est dominée par la turbulence, qui augmente avec le régime.
Dans la dernière étape de la combustion, les gaz brûlés deviennent majoritaires dans la chambre de combsution, donc la surface de contact entre mélange brûlé et mélange non-brûlé diminue et la combustion ralentit.

Le mélange peut s'enflammer spontanément au contact de zones chaudes, telles qu'une soupape d'échappement ou des résidus carbonés de combustion. Si ce phénomène a lieu avant l'étincelle de la bougie, on parle de pré-allumage.
La deuxième anomalie de combustion est l'auto-allumage : le mélange non-brûlé est chauffé par radiation et comprimé par la combustion, et peut s'enflammer avant même d'avoir été atteint par le front de flamme. Ce processus est beaucoup plus rapide qu'une combustion normale, et s'apparente à une réaction en chaîne, qui va provoquer une augmentation très rapide de la pression. Les vibrations des parois de la chambre de combustion qui en sont la conséquence sont directement audibles, c'est le cliquetis.
Pré-allumage et auto-allumage sont étroitement liés : le premier peut entraîner le second en favorisant les pics de pression, le second peut entraîner le premier en "détruisant" la couche limite thermique qui "protège" les parois de la chambre de combustion, multipliant ainsi les points chauds sources de pré-allumage.

La combustion dans un moteur diesel

C'est l'injection qui a lieu ici un peu avant la fin de la course de compression. Dans une première phase, qui dure pratiquement jusqu'au PMH, on ne constate pas de différence en termes de pression (près de 30 bars à ce moment, contre 10 bars lors de l'allumage dans un moteur à essence) par rapport à un cycle moteur où le carburant n'aurait pas été injecté. Le carburant est pulvérisé en goutelettes et se mélange avec l'air. Dans la deuxième phase, une augmentation rapide de la pression (jusqu'à 60 bars, contre 50 pour un moteur à essence) provoque une combustion incontrôlée du mélange. Si la première phase a été trop longue, cette seconde étape peut provoquer une sorte de cliquetis, contre lequel on lutte en évitant d'injecter le carburant de manière trop soudaine. Une stratégie peut être d'injecter une petite quantité de carburant avant l'injection principale. Enfin, la combustion est dans une dernière étape contrôlée par la diffusion, jusqu'à ce que le carburant soit intégralement brûlé.
 

Modélisation de la combustion

L'approche la plus simple est phénoménologique, et ne peut tenir compte des particularités dues à la géométrie de la chambre de combustion. Elle divise celle-ci en trois zones, la première contenant les gaz brûlés, la seconde les gaz non encore brûlés, et la troisième les gaz brûlés se situant à proximité des parois de la chambre de combustion (formant ce qu'on peut appeler une couche limite thermique). Des relations ont été proposées pour estimer l'évolution de la fraction x de masse brûlée en fonction de l'angle v de rotation du vilebrequin ; on a par exemple :

x(v) = 1 - exp [-a [(v-v0) / /\v]m+1]

où a et m sont des constantes empiriques (on a typiquement a = 5 et m = 2), /\v et v0 sont la durée et le point de départ de la combustion.

On peut progresser dans la complexité en adoptant des modèles qui introduisent la turbulence sans chercher à la prédire mais en l'utilisant plutôt comme une donnée d'entrée.

Enfin, l'utilisation de codes de calcul 3D représente la dernière étape dans le raffinement de la modélisation. Il faut ajouter aux équations de la dynamique des fluides des sous-modèles pour les différents phénomènes que représentent l'allumage, la combustion, les interactions du front de flamme avec les parois, et la production d'émissions polluantes.

 Retour à l'accueil "Moteurs"

Retour à l'index