Un moteur à combustion interne est soumis non seulement aux efforts engendrés par la combustion des gaz, mais aussi à des efforts d'origine inertielle. En effet, les éléments mobiles d'un moteur sont soumis à des cycles d'accélération et de décélération particulièrement violents, ce qui, compte tenu de leur masse, donc de leur inertie, engendre des sollicitations cycliques considérables sur l'ensemble du moteur. Ces sollicitations "remontent" ensuite au cadre ou au chassis sous forme de vibrations et de bruit. Cependant, sans même aborder les questions de confort et d'isolation vibro-acoustique, ces sollicitations peuvent être destructrices si le moteur n'est pas correctement équilibré.
Si l'on note Z l'axe du vilebrequin, Y l'axe de translation des
pistons, et X l'axe perpendiculaire aux deux
précédents, on définit les termes
suivants :
- effort suivant X : tamis
- effort suivant Y : pilon
- couple autour de X : galop
- couple autour de Y : lacet
- couple autour de Z : basculement
Les efforts d'inertie engendrés par le mouvement du piston sont de nature purement "translationnelle" (on utilise plutôt le terme "alternatif"), alors que ceux engendrés par le mouvement des manetons du vilebrequin sont de nature rotationnelle. La contribution de la bielle est plus complexe, puisque son mouvement combine translation et rotation. On considère pour la modélisation qu'une fraction de la masse de la bielle est en translation et que l'autre fraction suit un mouvement de rotation.
L'équilibrage des masses rotatives est toujours possible, puisqu'il "suffit" de disposer des contrepoids symétriquement aux manetons. Ainsi, pour un vilebrequin de monocylindre que l'on schématise ainsi
on peut disposer les contrepoids suivants :
de manière à ce que l'inertie de ces derniers compense exactement celle des masses rotatives. C'est généralement l'architecture moteur qui fixe l'encombrement de ce dernier et impose ainsi un excentrement maxi des contrepoids par rapport à l'axe de vilebrequin. Leur masse devra être calculée en conséquence ...
Considérons un moteur monocylindre, tel qu'illustré dans la figure suivante :
Le point O représente l'axe du
vilebrequin, M l'axe du maneton, et P l'axe de piston. Lorsque le
vilebrequin tourne, M parcourt un cercle de rayon r. La longueur de la
bielle est L.
L'objectif est, dans un premier temps, d'exprimer la distance OP en
fonction de la vitesse de rotation du moteur, donc de l'angle a
seulement, en éliminant l'angle b.
Si on note M' la projection sur la verticale du point M, on a OP = OM'
+ M'P, soit OP = r cos(a) + L cos(b).
Par ailleurs, les projections sur l'horizontale de PM et de OM sont
identiques, ce qui nous permet d'écrire que L sin(b) = r
sin(a). Donc sin(b) = r/L sin(a). Comme sin2(b)+cos2(b)
= 1, on a cos(b) = (1-sin2(b))1/2 =(1-r2/L2
sin2(a))1/2.
L'écriture d'OP obtenue plus tôt se reformule
alors :
OP = r cos(a) + L(1-r2/L2 sin2(a))1/2
Pour obtenir une formulation analytique intéressante à manipuler, il est nécessaire de passer par un développement en série de cette expression. Rappelons tout d'abord que L est la longueur de la bielle, alors que r, rayon du cercle parcouru par le maneton, est égal à la moitié de la course du piston ; le rapport r/L est typiquement compris entre 0.1 et 0.2 pour la majorité des moteurs. Ainsi, la quantité r2/L2 sin2(a) est petite devant l'unité, ce qui nous permet de ne conserver, dans une bonne approximation, que les deux premiers termes du développement :
(1-r2/L2 sin2(a))1/2 ~ 1-r2/(2L2) sin2(a)
On a alors
OP = r cos(a) + L(1-r2/(2L2) sin2(a))
Si l'on note w la vitesse de rotation du moteur, on a : a = wt, et en dérivant deux fois l'expression ci-dessus, on peut calculer la vitesse puis l'accélération du piston :
dOP/dt = -rw sin(wt) -r2w/(2L) sin(2wt) + ...
d2OP/dt2 = -rw2 (cos(wt) + r/L cos(2wt)) ...
Dans cette expression, qui donne l'accélération du piston donc les efforts d'inertie de translation auxquels le moteur est soumis (il suffit de multiplier cette expression par la masse du piston), on voit donc apparaître des termes dépendant de la vitesse de rotation du moteur et de son double. Ce sont ce qu'on appelle les harmoniques de premier et de second ordre.
On voit également l'importance du rapport r/L,
caractéristique fondamentale de la
géométrie d'un moteur. Pour une course
donnée (r fixé), si L augmente, la masse de la
bielle et la hauteur du moteur augmentent, mais les efforts
exercés par le piston sur la chemise diminuent, et l'effort
maximal d'inertie diminue également. En effet,
l'accélération est maximale, d'après
les équations ci-dessus, lorsque wt est nul, et vaut alors
-rw2 (1+r/L). Le signe - indique simplement que
l'accélération est dirigée vers le
bas, puisque cette valeur est obtenue lorsque le piston est au PMH.
Lorsque le piston est au PMB, en revanche,
l'accélération est positive mais plus faible en
valeur absolue puisqu'elle vaut rw2
(1-r/L). On peut d'ailleurs montrer que l'allure de la courbe
représentant l'accélération du piston
varie selon la valeur de r/L. Lorsque ce rapport est
inférieur à 1/4,
l'accélération positive maximale est
effectivement obtenue au PMB, donc pour un angle a = p. Lorsque r/L > 1/4, par
contre, il y a deux extremums positifs (symétriques par
rapport à p)
obtenus pour les angles solutions de l'équation sin6(a)
- (L/r)2 sin4(a) - (L/r)4
sin2(a) + (L/r)4 = 0.
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