Visiter un pays "seulement" 60 ans après avoir été en guerre avec lui. Prendre un café en terrasse d'une capitale qui ne porte presque plus les cicatrices des bombardements, alors qu'il y a cinquante ans le pays était exsangue. Je me demande ce que peuvent en penser les octogénaires français qui font le même périple, et leurs congénères autrichiens qui nous voient promener notre insouciance dans leur ville, eux qui ont sans doute été élevés, pour certains, dans un sentiment anti-français assez marqué. Y a-t-il des traces de cela aujourd'hui ... ?
Enfin bref. Même si les généralisations culturelles m'énervent parfois, je ne suis pas non plus adepte d'un relativisme excessif dans le domaine. Il suffit d'ouvrir les yeux, de regarder ne serait-ce que la foule attendant sagement, à Innsbruck comme à Vienne, que la signalisation le permette pour traverser la chaussée alors qu'aucun véhicule n'est visible à plus de 100 mètres, pour reconnaître qu'il y a des différences entre le comportement de l'autrichien moyen et celui du französich de base. Anecdote illustrée par un repas au resto, à Salzbourg. Dans la salle, une majorité d'autrichiens, dont une table avec des enfants. Une table de français, en plus de nous, et une d'italiens, avec des enfants eux aussi. Alors que les petits salzbourgeois ont passé le repas à table, sans bouger de leur place, les bambini ont passé une bonne partie de leur temps debout sur leur chaise ou sur la banquette à côté, à dessiner autant qu'à manger, sautillant, parlant (fort), jouant un peu la commedia devant leur public d'un soir ...
D'un côté la vie, de l'autre le calme.
Bien sûr, les petits italiens étaient un peu plus jeunes que les autrichiens. Evidemment, le constat aurait pu être diamétralement opposé, question (aussi) de personnalité des mômes (et des parents ...). Mais la scène était amusante de représentativité dans sa caricature. Et je me suis rendu compte que moi qui suis a priori plutôt "latin", né dans un département qui était encore italien il y a cent cinquante ans, de parents "sudistes", moi qui préfère, et de très loin, la gastronomie transalpine à son homologue tyrolienne, moi qui parle français, espagnol et comprends à peu près l'italien, je me suis dit : non, avec moi ça ne se passera(it) pas comme ça. Le bon comportement à table, ce n'est pas de faire du trampoline sur une chaise.
Latin, moi ?
Latin ?
lundi 4 septembre 2006. Lien permanent Ego
une réaction
1 De Krysztof von Murphy - 04/09/2006, 18:26
Les « latins » contre les « Germains » c’est assez relatif, hein ; à Berlin ils ne traversent pas autant dans les clous :o)
E.C : là c'était pourtant frappant. Et ils ne traversent pas dès le passage au rouge pour les voitures, non, ça attend vraiment le passage au vert du petit piéton lumineux. Du coup, par peur de sortir du lot, tous les touristes font pareil :)
Si tu veux des octogénaires qui se demande comment file le temps, tu as aussi mon voisin (je suis en Alsace) : il a fait un camp de prisonnier en Russie après avoir sans doute été « invité » dans la Wehrmacht en 41...