Nouveau venu dans la presse scientifique francophone, le magazine des sciences Eos, bimestriel, a fait son apparition fin 2006. Je dis bien francophone parce qu'il m'a fallu une vingtaine de pages avant de tomber sur un "nonante" qui m'a poussé à passer en revue la liste des collaborateurs, pour finir par constater que la rédaction possède un bureau à Paris et un à Anvers.

Eos, d'après l'édito du numéro un de novembre-décembre, était la déesse grecque de l'Aurore. Je ne vois pas bien le rapport avec la science, mais peu importe, c'est le contenu qui compte. Au sommaire de ce numéro, donc, vingt pages d'actus pour commencer. Point positif : la source est citée. Point négatif : la citation n'est pas exhaustive (seul le nom de la revue, du chercheur ou de l'organisme de recherche, est mentionné ; pas de référence à un article, ni de lien ....). On y apprend entre autres qu'un robot a été développé pour goûter le vin (ahhh ...) et assister les douaniers dans la détection des fraudes, que les couleurs étaient peut-être déjà utilisées de manière symbolique il y a 300 000 ans par Homo heidelbergensis, que les lois de Kirchhoff ne sont apparemment plus valables dans les circuits ultra-miniaturisés, que le Prozac menace les moules d'eau douce, que Jeanne d'Arc n'était pas folle, ou encore que des religieuses se sont fait scanner le cerveau du côté de l'université de Montreal, pour déterminer si le fait de revivre une expérience mystique en activait une zone spécifique (la réponse est négative, le god spot n'existe pas).
Suit un premier article sur la gémellité, beaucoup trop court. Six pages, dont beaucoup de photos, et de très courts encadrés de texte n'apportant pas d'élément de réponse à la question de la couverture (Secrets de jumeaux : notre comportement est-il acquis ou inné ?). Trois pages (de texte cette fois-ci) sur les dangers qui pèsent sur l'orque (non, pas de prédateur sous-marin, juste des substances polluantes d'origine humaine ; il faut au moins ça pour "peser sur un orque" ...), puis six pages à propos de la "réhabilitation" de l'homme de Neanderthal.
Une section "matériel techno" (photo, multimedia, moteurs), trois pages sur l'avion-helicoptère et son possible retour en grâce, trois pages sur le désalpage (almabtrieb en allemand), quatre sur une molécule (l'ibogaïne) qui serait susceptible de réduire les toxicodépendances chez certains drogués [1], quatre sur l'exorcisme aujourd'hui, et quatre sur les penchants d'Isaac Newton pour l'alchimie.
Cent pages en tout, pas mal de photos d'assez grande taille qui n'apportent pas grand chose, et rien d'enthousiasmant dans ce premier numéro, avec des articles peu fouillés, plutôt superficiels. Peut mieux faire.
Avec un tirage à 20000 exemplaires, il n'est de toute façon pas garanti de retomber dessus ...


Note

[1] Edit du 30/03 : le Monde parle de l'iboga (la plante dont est tirée l'ibogaïne) et annonce son classement comme stupéfiant