Aux louanges de la semaine dernière, succèdent cette fois des torrents de critiques suite à la prestation du XV tricolore contre les anglais.
"Match décevant", "échec", "les Bleus n'ont jamais été à la hauteur", "faillite incarnée par un homme, Bernard Laporte" ... Ah, misère, que cette presse me gonfle !
Phil Vickery le dit pourtant lui-même : "Quelquefois, en sport, les choses n'ont aucun sens". Voilà, rien de plus compliqué. C'était déjà le cas samedi dernier, ça l'a encore été ce week-end. Dans l'autre sens. So what ?
Les Bleus n'ont pas été capables de trouver la faille, ont paru un poil moins bien physiquement, et comme le faisait remarquer Elissalde, ce match a tenu à un rebond (sur le premier essai-gag dont Traille a été victime) et une cuillère (réussie, sur Clerc qui allait à l'essai à quelques minutes de la fin).
C'est bien pour cela que le sport reste aussi plaisant à regarder, c'est pour des surprises comme celle-là, même si elles paraissent mauvaises sur le moment, que je resterai devant mon écran lors du prochain Tournoi, soulagé de ne plus entendre l'infâme Gilardi.
Le XV de France n'était pas la meilleure équipe de cette compétition, le constat semblait évident depuis le début. Sur un match, tout est envisageable. Sur une compétition, ça devient plus dur. Avec cette place dans le dernier carré, les bleus sont à leur place. Qui est loin d'être ridicule ...
Versatilité
mardi 16 octobre 2007. Lien permanent Deportivo
3 réactions
1 De cedric - 16/10/2007, 17:30
Que la presse y aille un peu fort, c'est pas nouveau, maintenant, c'est quand meme son boulot de critiquer. Le match n'a pas ete parfait (comme tous les matchs), mais si on avait ete un peu meilleurs dans les secteurs cites par la presse, on n'en serait surement pas aujourd'hui a invoquer un mauvais rebond ou une cuillere. Le fait est que le match a ete pourri rugbystiquement parlant, qu'il n'y eu quasiment qu'une seule occasion d'essai de part et d'autre (et encore, si on peut parler d'une occasion d'essai sur celui de Lewsey), et que dans ce cas, face aux Anglais, on ne pouvait plus esperer qu'un coup de pouce du destin... Qu'on n'a pas eu.
Ca fait quatre ans qu'on nous dit que l'objectif, c'est la gagne (ce qui donne raison a la presse quand elle parle d'echec, puisque l'objectif n'a manifestement pas ete atteint, meme si l'echec est, il est vrai, relatif). Tout ca pour se mettre dans la peau de "Winners". Sauf que penser qu'on va y arriver en faisant confiance au destin, ca fait pas tres Winner.
Le vrai probleme, c'est que contrairement a 2003, y avait moyen de passer, c'est donc que quelque chose n'a pas bien fonctionner. La presse essaie de trouver quoi. Si c'est parfois (euh, souvent) fait avec beaucoup d'aigreur voire de mauvaise foi dans la forme (certains journaleux ont de vieux comptes a regler avec certaines personnes qu'ils critiquent et ils ont la facheuse tendance a prendre le lecteur a temoin, lecteur qui n'en a evidemment rien a foutre de leurs querelles de clocher), nos dirigeants rugbystique ne peuvent se passer d'un tel bilan sur le fond. C'est aussi ce qu'on leur reproche d'avoir fait en 2003, et donc de n'avoir pas su tirer les enseignements de l'echec de l'epoque.
Faudra attendre 4 ans de plus !
2 De Eric - 16/10/2007, 17:45
L'objectif "gagne", c'est de la méthode Coué où je ne m'y connais pas. Je ne pense pas que cette équipe de France soit (ait été) suffisamment talentueuse pour prétendre au rôle de favorite. Je suis d'accord pour dire que quand on affirme viser le titre on risque des retours de bâton en cas d'échec, mais ça sous-entend que la presse a fait semblant de croire aux déclarations d'intention du staff tricolore. Et ça me surprend un peu ...
Enfin c'est avant tout la versatilité des réactions d'une semaine à l'autre qui me gonfle :-)
Concernant le rôle (critique ?) de la presse, t'as lu l'article du Monde Diplo sur le sujet ?
3 De cedric - 17/10/2007, 12:38
Oui, je l'ai lu et suis globalement d'accord avec la these du manque de courage journalistique de beaucoup de journaleux sportifs et ceux de l'Equipe en particulier. These d'ailleurs largement reprise par quelques journaux sportifs plus confidentiels, tels que les Cahiers du Football, qui avait cite l'article du Monde Diplo dernierement (merci, grace a toi, j'ai enfin pu le lire sans avoir a le chercher).
Mais cette "lachete" journalistique concerne surtout les a-cotes troubles du sport (dopage, corruption...), beaucoup moins les performances sportives. L'objectivite n'est certes pas la vertu la mieux partagee chez les journalistes de l'Equipe, mais ca a au moins le merite d'alimenter le debat, necessaire en sport comme partout ailleurs. Ou alors, on donne un blanc-seing aux dirigeants du rugby Francais, on leur donne un mandat a vie et tout ira pour le mieux dans le meilleur des Mondes.
Leur versatilite est surtout due a leur lecture des matchs liee avant tout (voire exclusivement) au resultat. Dans tous les matchs, meme les victoires, rien n'est jamais parfait, mais on te rira au nez si tu oses la moindre critique, et la, on rejoint le manque de courage journalistique. Il leur arrive parfois de faire des critiques lors des victoires par exemple lors matchs de preparation des footeux avant 98. Mais ces "evenements" ont quelque peu fait jurisprudence, puisqu'au final, "on" a gagne, et Jacquet ne s'est pas prive pour regler ses comptes publiquement avec ses accusateurs de l'epoque. Du coup, ils sont devenus plus frileux quand il s'agit de critiquer le jeu quand celui-ci aboutit quand meme a une victoire.
Pour en revenir au rugby, si on avait pas la meilleure equipe du monde, on avait suffisamment d'arguments pour lutter et battre la meilleure equipe du monde sur un match. Et on l'a fait contre les Blacks, qui, de l'avis de tous, etaient les meilleurs. On avait aussi suffisamment d'arguments egalement pour battre les Anglais, puisqu'on etait, de l'avis de tous, favoris de ce match. Ce qui a ajoute de la frustration a la deception logique de la defaite.
L'objectif "gagne" n'etait pas selon moi de la methode Coue. On avait reelement les moyens de gagner cette coupe du Monde, meme si on n'avait pas la meilleure equipe sur le papier. Compte tenu des forces en presence, il n'y a rien de honteux a perdre en demi-finale. Mais par rapport aux ambitions sportives (legitimes a mon sens), c'est un echec, sentiment renforce par le fait d'avoir perdu contre une equipe pretendumment moins forte que nous.
Le mot echec n'est pas un gros mot, il caracterise juste un objectif non-atteint. Notre vie en est parsemee et ils nous servent souvent a nous remettre en cause pour mieux faire ensuite. Leur negation evite cette remise en cause et risque le renouvellement des memes erreurs ensuite, entrainant les memes echecs...