Un dimanche au salon des vignerons indépendants, Porte de Versailles, le samedi suivant au Carrousel du Louvre, pour le Grand Tasting organisé par Bettane et Desseauve. L'amateur de vins a l'embarras du choix, en cette période de l'année, pour goûter, regoûter, et acheter sans se tromper.
Je suis certain qu'un conteur doué d'imagination trouverait des dizaines de manières de raconter la visite d'un salon dédié au vin. Il y a bien sûr l'approche concrète, brute, qui consiste à parler des vins dégustés et seulement d'eux, à en donner des notes, à les comparer aux millésimes précédents en sortant son pda (ou, pour les plus doués, en faisant appel à sa mémoire).
On pourrait aussi se contenter de décrire le public, de s'amuser de sa diversité, de s'étonner de sa candeur, d'apprécier ses connaissances. A chaque stand on côtoie une, voire plusieurs personnes différentes, on goûte parfois les mêmes vins, dans le même ordre ; parfois, on se hasarde à comparer ses impressions, tout en essayant, le cas échéant, de ne pas heurter le vigneron ou son représentant ...
On peut encore se concentrer sur ces hommes et femmes, justement, qui font du vin, et à qui on demande pour l'occasion de se transformer en vendeurs. Là aussi il doit y avoir autant de "techniques d'accueil" qu'il existe d'exposants. Entre le vigneron au regard sombre, plongé dans un mutisme peu engageant, qui vous sert en donnant l'impression de se séparer de son sang, et le jeune représentant au sourire inamovible, toujours d'accord avec tout ce que vous pourrez dire, la gamme des comportements est infinie.

Le prix Citron du Tasting revient cette année sans contexte à Roger Belland, dont je me souvenais avoir apprécié les Santenay rouges (qu'il faisait goûter en compagnie de sa fille, en passe de reprendre les rênes du domaine, ceci expliquant peut-être cela) l'année dernière au Carrousel, pour sa déclaration pleine de morgue à mes voisins temporaires de dégustation, qui s'enquéraient de la part de l'export dans les ventes du domaine : "l'export ? Plus de 80%. Vous savez, quand un acheteur étranger vient pour me prendre 3000 bouteilles, c'est quand même plus facile que de venir ici" (l'air de dire "faire le guignol devant des particuliers qui n'achètent rien et n'y connaissent pas davantage"). Ca a au moins le mérite de la franchise, mais ça illustre une certaine conception du vin, et de son métier, qui peut rester en travers du fût.

A côté de ça, la sympathie du vigneron du Mas Domergue, qui lui n'était qu'au (grand) salon des "petits" vins, donnait envie de lui acheter même sa cuvée Espérance 2006, 100% syrah, pourtant un peu grossière dans sa simplicité. Le Font d'Armand, juste au-dessus dans la gamme, constitue en revanche un beau rapport q/p à 9€.