"Est-ce une immense déception ?
C'est de loin ma plus dure défaite.

Que ressentez-vous, en ce moment ?
(Larmes aux yeux) Rien. Pas grand chose.

Et perdre contre un joueur comme Nadal, ce n'est pas une consolation ?
Non. Zéro. Le match est fini, je suis déçu, je suis cassé. C'était sans doute un très beau match à voir. Mais là... Il faut laisser un peu de temps et essayer de recommencer à bien jouer dans le futur.

Vous êtes encore plus déçus qu'après votre défaite à Paris ?
Il n'y a pas de comparaison possible. Ici c'est le désastre. A Paris, c'était rien. Au contraire. Vous êtes peut-être contents du match. Pas moi..."


Un désastre, Rodgeur, alors que tu as enfin sorti un bon match contre Nadal, le premier depuis le Masters l'année dernière ? Mais non Roger, là tu as juste perdu un grand match, contre un adversaire moulé dans un métal inconnu, match qui aurait pu te revenir si tu gardais un peu plus de marge. Ce dernier coup droit dans la bande, même sur mon écran de 40 pixels par 30, je l'ai senti venir.
Bien sûr, tu n'as pas dépassé le record de Borg. Tu n'as toujours pas fait évoluer le compteur de victoires en Grand Chelem, et si Popeye se permet même le luxe de venir te battre dans ton jardin, ça risque d'être plus compliqué que prévu de rattraper le père Sampras. Mais ton jardin, de toute façon, maintenant que l'herbe s'est ralentie, c'est le dur. A Paris, par contre, ça c'était un vrai désastre. Parce que tout le monde a réalisé que tant que Popeye sera là, tu n'y gagneras pas. Faire le "faux grand chelem" comme Dédé, tu n'y arriveras pas non plus. Alors il est où, le désastre, Roger, à perdre un tournoi que tu peux regagner l'année prochaine, quand il y a un mois tu te prenais une fessée qui te montrait que, sur cette terre là, la victoire était définitivement hors de portée ?

Qu'y a-t-il de pire, Roger ? Perdre un grand match après avoir bien joué, même si tu as "bousillé une tonne de balles de bris" ? Ou se rendre compte que, tout numéro un mondial que tu es, tu ne parviendras pas à réussir là où McEnroe, Edberg, Becker et Sampras ont eux aussi échoué ?
D'ailleurs, cette place de number one, il va peut-être falloir se sortir les doigts pour la sauver, parce que le petit toro, là, il va pas t'attendre. Lendl, malgré l'épisode Wilander de 88, avait réussi à reprendre son bien pendant deux années supplémentaires, avec deux autres titres à la clé. Allez, je t'offre l'US Open cette année, histoire qu'elle ne soit pas trop pourrie, Wimbly l'année prochaine, et pourquoi pas l'Australie pour finir. Ca fera 15, tu pourras alors arrêter de penser à l'histoire, et donner, enfin, l'impression de te dépouiller sur un court.