Et si je n'avais pas été en prépa ? Et si je n'avais pas été admissible aux ENSI ? Et si je n'avais pas déposé mon CV sur un stand au Micad début 98 ? L'uchronie est un exercice tentant quand on se retourne sur le début de sa vie professionnelle, après en avoir bouclé un peu plus d'un quart [1], et au moment de, peut-être, tourner une nouvelle page. Mon CV a atterri dans une petite équipe qui s'occupe d'optimisation de la conception (c'est moche les gallicismes, quand on est habitué à la VO) au sein d'une société spécialisée dans la recherche opérationnelle. La RO, c'est le nom pompeux pour désigner tous les problèmes d'allocation optimale des ressources : quand on doit arbitrer entre fromage ou dessert, on fait de la recherche opérationnelle sans le savoir.

Bon, je ne suis pas matheux appliqué, mais un simple mécanicien intéressé par les problématiques d'optimisation, ayant signé son premier contrat de travail dans une équipe dont c'est un des fonds de commerce. Après plusieurs années passées à surveiller un marché du travail bourré d'annonces pour des postes sans âme, voilà en tout cas une opportunité qui sort du lot ... Ce n'est pas encore fait, je suis seulement finaliste pour le moment, et dans ce genre d'exercice même la médaille d'argent est en chocolat. Mais enfin voilà, presque vingt ans après mon bac, je vais peut-être donner ma démission pour la première fois. Quelle sera ma vie dans vingt ans si je le fais, et quelle sera-t-elle si je ne le fais pas ?

Notes

[1] du total, pas du début