Franz Klammer en mode vieux con :

« Les gars s'éternisent sur le circuit, aujourd'hui, ils font de vieux os car la peur a quitté les pistes de descente. Quand vous ne ressentez plus cette boule qui vous serre l'estomac, vous pouvez continuer même après 35 ans. Il n'est plus nécessaire d'être une sorte de kamikaze pour s'imposer en descente. Même à Kitzbühel, on ne ressent plus la peur. » (Rue89, 03/03/2012)

Je serais curieux de savoir ce qu'en pense la famille de Cavagnoud, ou les (plus chanceux) encore vivants Svindal, Paerson, Maier, Deneriaz ... Tiens, Deneriaz, d'ailleurs, j'en parlais fin 2007. Voici le récit de sa fin de carrière :

En mars 2006, trois semaines après son titre olympique, Dénériaz chute violemment à Are (Suède). Tonio heurte les filets, puis dévale la pente tel un pantin désarticulé. «J'ai sous-estimé cette chute. Je l'ai revue. Tout aurait pu se terminer là.» Depuis lors rien n'a été comme avant, jusqu'à Beaver Creek (Etats-Unis) il y a dix jours où le skieur de Morillon (Haute-Savoie) s'est rendu compte qu'il n'y était plus. Cinquième médaillé d'or olympique français de descente, après Henri Oreiller, Jean Vuarnet, Jean-Claude Killy et Jean-Luc Crétier, le voilà à sept secondes du meilleur temps à l'entraînement. «Dans l'aire d'arrivée, j'ai vu Jo Clarey et je lui ai dit que je venais de faire ma dernière descente. Il ne m'a pas cru.»

Dénériaz était «trop loin du compte», trop loin de la maîtrise et de la confiance sans lesquelles le skieur met sa vie en danger dans une discipline qui ne pardonne pas. Gilles Brenier confirme le malaise : «Sur la piste lors de la reconnaissance, il n'a pas dit un mot. C'était comme quelqu'un qui refuse d'y aller. Quelque chose s'est cassé à Are. Moi aussi j'ai revu la chute et j'ai eu peur.»

(Liberation, 06/12/2007)