Les feuilletons scientifico-médiatico-crypto-conspirationnistes sont-ils des marronniers automnaux ?

Un an après le premier épisode de la saison 1 des neutrinos "faster (well, not that faster ...) than light" (série qui ne connaitra probablement pas de saison 2), ce sont les OGM qui occupent la scène en ce début d'automne 2012. Le 18 septembre, le Nouvel Obs titre "EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons !" :

Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes… une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM.
(...)
Tous les groupes de rats, qu’ils soient nourris avec le maïs OGM traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d’herbicide présent dans les champs OGM, sont frappés par une multitude de pathologies lourdes au 13e mois de l’expérience.
(...)
C’est une véritable bombe que lance, ce 19 septembre à 15 heures, la très sérieuse revue américaine "Food and Chemical Toxicology" - une référence en matière de toxicologie alimentaire - en publiant les résultats de l’expérimentation menée par l’équipe du français Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen. Une bombe à fragmentation : scientifique, sanitaire, politique et industrielle. Elle pulvérise en effet une vérité officielle : l’innocuité du maïs génétiquement modifié.

Optimiste, l'article conclut :

L’étude du professeur Séralini laisse donc présager une nouvelle guerre meurtrière entre pro et anti-OGM. Les agences sanitaires exigeront-elles de toute urgence des études analogues pour vérifier les conclusions des scientifiques français ? Ce serait bien le moins. Monsanto, la plus grande firme mondiale de semences transgéniques, laissera-t-elle faire ? Peu probable : sa survie serait en jeu.
Sauf que, dans cette nouvelle confrontation, le débat ne pourra plus s’enliser comme par le passé.

Dès le 20/09, Gérard Pascal, présenté comme "ancien toxicologue spécialiste des OGM à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), aujourd'hui consultant pour des entreprises agroalimentaires" (!), affirme que "Le protocole d'étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires" :

  • l'échantillon est de taille insuffisante
  • l'espèce de rats choisie est connue pour développer spontanément des tumeurs
  • le régime alimentaire des rats n'est pas détaillé

Comme d'habitude, on en apprend davantage en allant faire un tour du côté de la blogosphère scientifique. Chez Michel Alberganti, par exemple :

Sylvestre Huet s'emporte contre la stratégie de com adoptée :

Benjamin, du bacterioblog, s'amuse après avoir lu l'étude :

  • Les OGM sont bons pour la santé (23/09/2012) : les données brutes montrent que si les rats dont l'alimentation est constituée à 11% de NK603 sont effectivement plus "fragiles", ceux pour lesquels la part de maïs OGM s'élève à 33% vivent en revanche plus longtemps sans développer de symptômes !
  • Pour quelques rats de plus (24/09/2012) : l'influence de la taille d'échantillon y est démontrée de manière limpide. La dispersion observée par Seralini sur son lot de 10 rats est tout à fait imputable au seul hasard, et ne suffit à incriminer l'alimentation.