Le titre n'est pas de moi, mais de Mediapart ce lundi. Morceaux choisis :

Ce n’est plus un mille-feuille, c’est une ratatouille. Au total, dix-neuf services placés sous l’autorité de directions différentes – et parfois engluées dans des querelles de baronnies – sont chargés de la lutte antiterroriste en France. Il y a les services de la police judiciaire (avec la SDAT), ceux des gendarmes (BLAT et SDAO, sans parler des brigades locales), les services secrets intérieurs (DGSI), les services de renseignement territoriaux (SCRT), mais aussi extérieurs (DGSE), il y a même une sous-section à la brigade criminelle du quai des Orfèvres (SAT) ; et on en passe… La lutte antiterroriste est censée être animée par une même unité, l’UCLAT. Un rapport d’enquête sénatoriale pointait sans complaisance en avril dernier d’importantes lacunes dans cette organisation et parlait même de services « insuffisamment coordonnés ».
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En matière de renseignement, il y a aujourd’hui une quasi-unanimité pour dire que la fusion, en 2008, de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et des Renseignements généraux (RG), pour en faire une Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue depuis DGSI…), fut un échec à maints égards. Réalisée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et mise en œuvre par l’un des policiers les plus dévoués à l’ancien président de la République, Bernard Squarcini, la création de la DCRI avait l’ambition de doter l’appareil sécuritaire d’un « FBI à la française ». La réforme a surtout commencé par accoucher d’un fiasco : l’affaire Tarnac. Ou comment des moyens considérables ont été mis en branle pour accuser de « terrorisme » un groupe de militants contestataires de Corrèze, soupçonnés d’avoir posé des fers à béton sur des lignes TGV.
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Indéniablement, la disparition brutale des Renseignements généraux est vécue avec le recul, dans les services spécialisés, comme une lourde erreur. « Au lieu d’intégrer tous les RG, on les a désossés : une petite partie a été à la DCRI, une autre à la PJ, et le reste dans les régions. La spécificité des RG était le maillage du territoire. Elle a été amoindrie », confie l’ancien directeur du renseignement de la DGSE, Alain Chouet.