Un choix binaire qui constitue pour l'auteur une certaine prise de risque, dans le sens où le perspicace lecteur devine d'entrée de jeu quelles seront les évolutions des deux clones ainsi créés. L'écriture de Schmitt est d'une fluidité toujours étonnante, le roman bien rythmé, aidé par les aller-retours entre les deux destins. Mais je trouve le résultat (même s'il est encore tôt pour parler de la sorte, je n'en suis qu'à mi-parcours) un peu manichéen, les deux Adolf me semblant d'une sensibilité, d'une perception des relations humaines trop différente pour être simplement expliquable par un succès ou un échec étudiant précoce. La montée de la haine, du ressentiment, dans le cerveau de l'Adolf officiel, me semble mal "justifiée" par son exclusion temporaire de la société viennoise, de même que la naissance un peu surréaliste de son antisémitisme, sorte de bouffée délirante sur son lit de blessé à la fin de la première guerre mondiale.
La part de l'autre
lundi 17 octobre 2005. Lien permanent Bouquino
J'avais beaucoup apprécié l'humour iconoclaste et la duplicité des points de vue utilisée dans son "Evangile selon Pilate", c'est donc avec intérêt que je me suis plongé dans "La Part de l'Autre" d'Eric-Emmanuel Schmitt.
Pour résumer à ceux qui ne l'ont pas lu : Schmitt décide de nous faire vivre en parallèle la vie de deux Adolf Hitler, que rien ne différencie a priori sauf ... le résultat au concours d'entrée de l'école des Beaux-Arts de Vienne. L'un est admis, l'autre recalé.