Un choix binaire qui constitue pour l'auteur une certaine prise de risque, dans le sens où le perspicace lecteur devine d'entrée de jeu quelles seront les évolutions des deux clones ainsi créés. L'écriture de Schmitt est d'une fluidité toujours étonnante, le roman bien rythmé, aidé par les aller-retours entre les deux destins. Mais je trouve le résultat (même s'il est encore tôt pour parler de la sorte, je n'en suis qu'à mi-parcours) un peu manichéen, les deux Adolf me semblant d'une sensibilité, d'une perception des relations humaines trop différente pour être simplement expliquable par un succès ou un échec étudiant précoce. La montée de la haine, du ressentiment, dans le cerveau de l'Adolf officiel, me semble mal "justifiée" par son exclusion temporaire de la société viennoise, de même que la naissance un peu surréaliste de son antisémitisme, sorte de bouffée délirante sur son lit de blessé à la fin de la première guerre mondiale.