Heureuse surprise ...
Devant m'absenter, je mets illico le magnéto en route ; j'en profiterai tard le soir après être rentré, non sans avoir menacé de mort toutes les personnes susceptibles de me donner le résultat.
Voilà, il est 21h, je suis confortablement installé sur le canapé par terre, le plus près possible de l'écran 36 cm, je vais enfin voir le magicien de la balle jaune faire de la patée de viande argentine (c'est moi ou Nalbandian a un peu de bide ?). Enfin pas trop quand même, j'aimerais bien en profiter plus d'un set, je rappelle qu'au moment où ma retransmission rien que pour moi commence l'helvéte mène déjà 7/6 7/6.
Et là, misère. C'est le deuxième match que je vois de lui cette année (après cette demi stressante contre Nadal à Roland-Garros, où il avait joué en dedans la plupart de la rencontre), et le sort s'acharne sur moi. Roger n'avance plus, comme si la protection qu'il portait à la cheville était lestée d'un poids de 10 kgs. C'en devient pathétique, Nalbandian se balade (et le fait fort bien, le bougre). Les jeux défilent. Nalbandian remonte à deux sets partout, les commentateurs sont atterrés, tout comme le public chinois qui n'en croit pas ses yeux. Après un tournoi privé de ses stars pour cause de blessures, la finale ne va quand même pas elle aussi être tronquée du fait du manque d'endurance de sa dernière superstar ? Un, deux, et trois zéro. Puis quatre, même. Puis Federer prend enfin un jeu, après avoir encaissé un 10-0 qui a dû (un peu) consoler Gaudio (ou le dépiter que Roger n'ait pas connu pareille défaillance face à lui, plutôt que de lui infliger un "double bagel" la veille).
Sur le moment, je suis surpris de voir la réaction (ou plutôt l'absence d'icelle) de l'argentin, qui ne s'en veut même pas de ne pas avoir réussi à continuer sa marche en avant, et me fais in petto la réflexion qu'un Nadal, sans doute, aurait hurlé sa rage. Mais je ne crois pas encore à un retournement de situation. Ce n'est je crois qu'à 6-5, 30-15 sur le service du suisse que, comme Nalbandian j'imagine (pourtant bien peu lucide depuis quelques minutes), je me dis : "non, c'est pas possible, il ne va pas y arriver, pas !"
Et non, effectivement, il n'y est pas arrivé. Pas cette fois, pas dans cet état physique qui l'a condamné à une dépendance presque totale à son pourcentage de premières balles, lequel n'a pas réussi, ni dans ce dernier jeu ni au tie-break, à donner à sa longue agonie une issue heureuse.

Je reprendrai donc à mon compte les paroles de Roger faisant le bilan de sa saison, à propos de ma victoire 9/3 9/0 9/7 9/0 9/3 sur O. au squash ce midi : "At times I felt invincible, you know."