En plus du constant jardinier déjà commenté, mon actu cinématographique pour les deux mois qui viennent de s'écouler a été plutôt politique :

Good night and good luck, tout d'abord.

Le film revient sur le combat du présentateur de CBS Ed Murrow qui, avec son producteur Fred Friendly (G. Clooney qu'on retrouve donc devant et derrière la caméra), a pris tous les risques pour commenter et dénoncer en prime time la décision du sénateur Mc Carthy de relever un pilote de l'armée de l'air de ses fonctions pour les supposées sympathies communistes de membres de sa famille.
Des thèmes modernes (relations presse/pouvoir politique, auto-censure dans la presse, relations journalistes/direction, dépendance aux annonceurs ...), enjolivés par un noir et blanc bien maîtrisé et la superbe interprétation de David Strathairn. Le film est malheureusement trop court (1h33 !), et fait regretter ce qui pourrait passer pour de la superficialité dans le cas d'un documentaire. Mais il s'agit bien d'un film, et dans ce cadre l'exercice est tout à fait réussi ...
A lire : un long discours de Murrow sur le rôle des medias et de la télé, partiellement repris dans le film, et qui mérite plus qu'un coup d'oeil.


Lord of War, d'Andrew Niccol.

L'ascension d'un émigré ukrainien opportuniste et cynique dans l'univers du trafic d'armes. Une oeuvre surtout axée sur le personnage de Yuri Orlov, joué par Nicolas Cage, poursuivi par Ethan Hawke en agent d'Interpol légaliste. La réflexion politique n'est pas au premier plan, sauf dans un dernier dialogue un peu trop didactique entre les deux hommes.
La morale de cette histoire ? Les plus grands vendeurs d'armes de la planète sont aussi les membres du conseil de sécurité de l'ONU ... (qui fournissent ainsi une justification toute trouvée aux exactions des "petits" trafiquants).
Ca manque un peu de finesse, mais la parfaite absence de sens moral de Cage rend la leçon agréablement (?) dérangeante.
A noter, en second rôle, la belle Bridget Moynahan, et la présence à l'écran d'Eamonn Walker, dans le rôle d'André Baptiste, dictateur africain charismatique.


Un intermède DVD avec le documentaire d'Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin.

affiche darwin sauper

Sur la catastrophe écologique qu'a constitué l'introduction de la perche dans le lac Victoria, en Tanzanie, ravageant le riche écosystème qu'il abritait. Sur les rapports de force Nord/Sud. Sur le trafic d'armes. Sur la victoire (au sens darwinien du terme) du capitalisme sur les autres modèles de société.
Un instantané effrayant de la misère d'une région, devenue dépendante d'un poisson utilisé comme allégorie d'un nouvel ordre mondial. Sauper ne cherche pas à démontrer, il se contente de montrer. Indispensable visionnage de l'interview qu'il donne en bonus dans le DVD, dans laquelle il martèle (avec un poil de condescendance d'ailleurs) son intention de faire appel à l'intelligence du spectateur pour lire entre les lignes.


Et Syriana, enfin, hier soir.

Celui que (et dont) j'attendais le plus, et celui qui m'a peut-être le plus déçu, du moins sur le moment. A la réflexion c'est un film à voir, clairement, mais dont la première heure est trop touffue, bizarrement rythmée. La dernière demi-heure, plus efficace, voit le puzzle savamment préparé se mettre en place, faisant penser aux constructions des romans de Clancy par exemple. Sortes de pyramides finissant par relier les nombreux acteurs d'une partition complexe.