Pétrole, pétrole, pétrole. On n'entend scander que son nom en ce moment. Le prix du baril était inférieur à 10 $ fin 1998. Fin 2001, il était encore à 20 $. Depuis mi-2003 la croissance est vertigineuse et le 15 février 2006, il s'affichait à 58 $. Il y a une semaine, il franchissait la barre des 70 $. Celle des 75 vient d'être franchie à New-York ...
Jean-Marc Jancovici (Manicore) et Nicolas Hulot viennent de coécrire un article dans le Monde dans lequel ils encouragent une hausse volontaire de l'or noir, pour nous forcer à nous préparer plus efficacement à l'après-pétrole.
La demande mondiale est actuellement de l'ordre de 85 millions de barils par jour. Les pays membres de l'OPEP en produisent 23, dont 9 pour l'Arabie Saoudite, 4 pour l'Iran, 3 pour le Venezuela.
Côté consommateurs c'est sans surprise l'Amérique du Nord qui prend la plus grosse part du gâteau, avec 25 millions de barils/jour, 17 pour l'Asie-Pacifique (hors Chine), 16 pour l'Europe, 6 pour la Chine, 4 pour la Russie et ex-URSS ...
Au 1er janvier 2005 les réserves identifiées s'élevaient à un peu plus de 2100 milliards de barils, soit, au rythme de la consommation actuelle, un peu moins de 70 ans de "stock". En tenant compte de l'augmentation prévisible de la consommation des deux poids lourds que sont la Chine et l'Inde, cette échéance devrait évidemment être revue à la baisse.
Bref, même si de nouveaux gisements venaient à être découverts, la fin de ce siècle sera sans doute marquée par la fin du règne du pétrole, qui devra laisser sa place à une ou plusieurs énergies alternatives.

A moins ... à moins que la population de cette jolie et bleue planète réalise qu'en plus de ne pas réagir suffisamment vite, elle contribue elle-même à l'accélération du processus ... en procréant sans relâche.
6 milliards d'individus aujourd'hui ... Il suffirait que le taux de fécondité de l'ensemble de la planète descende à 1 enfant par femme pour qu'en deux générations, soit environ 50 ans, ces 6 milliards soient divisés par 4 ! Et hop, au lieu de 50 ans, c'est 200 ans de relative sérénité énergétique que l'on retrouverait ! Elle est pas belle ma solution ?
Oui, bon, évidemment, dans un contexte où la vigueur démographique est perçue comme une force, où les méthodes de contraception sont parfois encore inconnues, ou bien inaccessibles, sans parler de la mainmise des dogmes religieux, mon néo-néo-malthusianisme de comptoir a peu de chances de s'imposer à grande échelle. Mais si les théories originelles du pasteur anglican ont eu mauvaise presse, pour des raisons compréhensibles, les miennes recevront peut-être un accueil plus favorable dans les populations pauvres : ce sont avant tout les plus gros pollueurs de la planète qui doivent freiner leur croissance (ou accélerer leur décroissance, si elle est déjà entamée).
Mais quelles nations seraient prêtes à se sacrifier pour le bien-être des autres ? Force est de constater que la notion de sélection de groupe est mise à mal par les relations internationales.


Edit : évidemment, peu après avoir écrit ce billet, je découvrais ceci. Bah, je n'ai que 35 ans de retard ...