C'est en tout cas ce que titre le New York Times.
Alors que la Chine devient cette année le deuxième marché automobile mondial, passant devant le Japon avec 6.8 millions d'unités vendues, la capacité de production semble croître plus vite que la capacité de la population chinoise à s'endetter pour acheter un exemplaire du parfait symbole du capitalisme mondial.
A côté des gros constructeurs nationaux, de nombreux petits constructeurs méconnus se font une place au soleil, dans des villes encore plus méconnues. C'est par exemple le cas de Geely à Taizhou, ou de Chery à Wuhu (qui connaissait ? Pas moi ...). Les marques chinoises, après avoir failli disparaitre sous la poussée des joint-ventures montées avec des constructeurs occidentaux, détiennent aujourd'hui plus de 26% du marché domestique.
Ils sont, et ce n'est pas une surprise, devenus maîtres dans l'art de contrôler les coûts.
Proposer des tarifs compétitifs est en outre une nécessité sur un marché où la fidélité à une marque est une notion quasi-inexistante. La gamme de prix, qui s'étend de 6000$ pour une citadine à 15000$ pour une berline, est certes devenue accessible à une middle class (rappel : c'est un article du NYT. Ca n'a donc sans doute pas la même signification que classe moyenne chez nous, voir ici ou là) en rapide augmentation, mais demeure toujours trop élevée pour la grande majorité de la population chinoise.
Geely présente la particularité d'être le seul "gros" constructeur local à ne pas appartenir, même partiellement, à une agence gouvernementale, et à ne pas avoir bénéficié des prêts extrêmement généreux que peuvent accorder les banques d'état. La marque détient aujourd'hui 5% du marché domestique, juste derrière Chery (7%) et Toyota (6%). Volkswagen, GM, Honda et Hyundai sont encore loin devant.
La compétitivité de Geely trouve son origine dès le développement des nouveaux véhicules, puisque ses ingénieurs sont payés entre 4600 et 7600$ par an. Les salaires sont bas, d'autant plus que la plupart des travailleurs sont jeunes, mais le coût de la vie est lui aussi très modéré. Zhang Jiahong, 22 ans, gagne 250$ par mois en tant qu'inspecteur contrôle-qualité. Mais son studio de 30m2 situé en ville ne lui coûte que 20$ par mois, un prix habituel en-dehors des grandes métropoles que sont Shanghai et Beijing. Ses deux repas quotidiens pris à la cantine de l'usine lui reviennent à environ 50$ par mois.