Emily Oster, jeune économiste de l'université de Chicago, s'est penchée sur un sujet que peu de ses collègues ont abordé : le Sida sur le continent africain.
Ses conclusions ne sont pas inintéressantes :
- le Sida n'est pas forcément la maladie à combattre en priorité. Le constat semble aberrant, et pourtant ... A peu près 6% des adultes en Afrique sub-saharienne sont touchés, contre 0.8% aux Etats-Unis. Selon miss Oster, cette différence n'est pas tant due aux seules variations du comportement sexuel, qu'à un taux de transmission de 4 à 5 fois plus élevé chez les africains pour une même exposition au risque. Une des principales raisons à cette inégalité viendrait de ce qu'environ 11% des individus sont également victimes d'autres infections bactériennes sexuellement transmises, et près de la moitié serait victime d'herpès. Ces infections, affaiblissant les muqueuses, faciliteraient grandement la propagation du virus du Sida. Un potentiel certain de progrès se situe donc de ce côté là, compte tenu du coût réduit du traitement de ces infections (de l'ordre de 3.5$ par an, contre 300 pour le traitement du Sida lui-même).
- le Sida ne disparaitra qu'avec la pauvreté. Si le comportement moyen n'a pas beaucoup changé sur le continent africain, les classes les plus aisées sont pour leur part devenues plus prudentes. Mais pour les plus pauvres, pourquoi se soucier de mourir du Sida dans dix ans, s'ils savent que de toute façon leur espérance de vie n'est pas tellement plus élevée ... ?
- la troisième remarque est un peu plus positive : les Nations Unies annoncent que 30% des adultes sont porteurs du virus au Zimbabwe et au Botswana, et près de 10% dans les autres pays. Certains chercheurs pensent cependant que ces chiffres sont exagérés, à cause d'un biais provenant de la population testée : cette proportion est en effet calculée à partir des femmes enceintes qui se présentent en clinique, or les femmes sexuellement actives, en âge d'être mères, sont évidemment plus susceptibles d'être contaminées que le reste de la population. Selon l'économiste, la proportion réellement touchée serait environ trois fois plus faible.
Mais le virus se propage toujours aussi vite ...