Fin février, les salariés de l'usine roumaine Dacia-Renault s'apprêtaient à déclencher une grève générale si la direction ne satisfaisait pas leur demande d'augmentation de salaires. « Nous demandons 26 % de plus pour nos salaires », expliquait Ion Iordache, responsable syndical chez Dacia. Début février, le patronat avait proposé initialement une hausse des rémunérations de 5% à 6%, jugée insuffisante par les salariés.
Devant cette menace de grève générale, la direction a rapidement cédé. Les syndicats obtenaient presque dans la foulée une hausse de 20% des salaires pour 2007.

Les constructeurs, peut-être plus encore que d'autres fabricants de produits industriels, sont relativement vulnérables dès lors qu'une démarche de délocalisation a été entamée. Le montant des investissements réalisés et à venir, la nécessaire formation des travailleurs, l'apprentissage de la culture métier spécifique, les privent de toute "mobilité" pour une dizaine d'années. Renault a investi en Roumanie, et ne peut pas se permettre de changer son fusil d'épaule en réorientant sa stratégie de conception et/ou de production vers l'Inde, par exemple. Les salariés et les syndicats roumains le savent, ou, pour ceux qui ne l'ont pas encore compris, ne vont pas tarder à réaliser qu'ils sont désormais en position de force. Renault doit rentabiliser son investissement, doit faire fonctionner son usine de Pitesti. Coûte que coûte, pourrait-on être tenté d'écrire.
Maintenant que le succès commercial de la Logan est en bonne voie, et que seuls les résultats de Dacia permettant au groupe de "surnager", cette dépendance est d'autant plus critique ...