(Un petit billet régressif, parce que ça faisait longtemps)

Le nombre de lieux de commodité au boulot est notoirement sous-dimensionné, c'est un fait. Je ne parle pas de manière générale, je fais juste un constat propre (sic) aux locaux dans lesquels j'officie, fort agréables au demeurant. Voyez donc : à mon étage, dont la moitié d'icelui[1] n'est occupée que par des barbus (bureau d'études d'un constructeur spécialisé dans le véhicule sportif, pas dur d'imaginer le topo), à mon étage, donc, soit pour plus de vingt cinq humains, un seul urinoir, et un seul merdoir (oui, je sais. Mais je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas le droit). Connaissant le temps moyen d'occupation du local et le nombre de visites quotidiennes, la conclusion saute aux yeux plus rapidement que la chasse n'y est tirée : le petit coin est souvent occupé. J'ai bien songé à contacter la CSHCT, mais j'ai peur de les faire chier. Humpf (re-sic). Reprenons.
Donc je descends un étage en-dessous. Etage qui se trouve être le rez-de-chaussée, fréquenté par des visiteurs. Le visiteur, faut l'épater, sinon il revient pas chier chez vous. Si le merdoir est tout pourrave, il va se crisper du sphincter, mais il retiendra tout ça jusqu'à la maison. Ou presque.
Venons en aux faits : les chiottes du rdc sont équipés (un chiotte ou une chiotte ? Au moins avec merdoir on ne se pose pas la question) d'un détecteur de présence : la lumière s'allume dès que mouvement est perçu (et, inversement, s'éteint dès qu'on reste trop longtemps immobile, ce que j'ai déjà vérifé sur le trône. Inutile de préciser que ça surprend, et qu'on a l'air d'un con à gesticuler, tout seul, le pantalon sur les chevilles, pour rallumer l'ampoule basse conso - en plus c'est intime au début, ça fait une lumière toute tamisée). Qui dit bidule automatique dit suppression du bidule manuel : plus d'interrupteur.
Mais à coup de trente quatre ans de visites quotidiennes (bon, allez, en mode autonome comptons trente) aux toilettes, mettons au grand mini trois fois par jour, appuyer sur l'interrupteur est peut-être le geste que j'ai le plus répété dans ma vie (ne vous fatiguez pas, j'ai fait le calcul, ça dépasse les 60000).
Illusion que d'imaginer pouvoir se débarrasser rapidement d'un tel conditionnement ... Ca fait trois mois qu'ils ont installé ces détecteurs de présence, et ça fait trois mois que, machinalement, je vise à chaque fois ou presque un interrupteur qui n'existe pas.[2]

Certes, je pourrais _monter_ d'un étage, au lieu de descendre, sachant qu'au-dessus les visiteurs ne s'aventurent pas, donc la lumière y fonctionne encore à l'ancienne, avec un bon vieil interrupteur comme chez mémé. Mais ce serait sans compter sur mon inclination pour la minimisation du travail fourni. Et tous les mécaniciens qui me lisent savent comme moi que le poids n'est une force conservative ... qu'à condition qu'il soit constant. Or, jusqu'à preuve du contraire, et sauf fausse manip, on ressort toujours plus léger de ces endroits que l'on n'y entre.


PS : au moment même où j'écris ces lignes, j'apprends de mon envoyée spéciale à la maison que le bloc désodorisant a tenté de se suicider en se jetant dans les égouts de la ville, mais qu'il a raté son affaire, le con, et se retrouve bloqué dans le siphon. Lequel, de par le fait, est bouché. Nous v'là bien. M'en vais faire caca au rdc avant de rentrer, moi.

Notes

[1] la répartition précise de l'autre moitié, située au-delà d'une porte séparant deux mondes, les gens de la technique de ceux du marketing, m'étant inconnue

[2] En plus ils sont vicieux, ils ont mis un boitier (contenant sans doute le capteur) à la place