Parfois, les mauvaises séries durent. Ca avait commencé avec Pinno 2003, un Pinotage (cépage sud-africain, croisement du pinot et du cinsault) de Graham Beck. Ca faisait longtemps que je voulais goûter un vin issu de ce cépage, depuis une discussion avec Pieter de Villiers en fait, croisé complètement par hasard[1], au salon des vignerons indépendants, il y a trois ou quatre ans. Le pauvre subissait sans mot dire les déblatérations d'un trio d'émêchés dont l'un avait reconnu le joueur de rugby, et essayait d'expliquer à ses comparses qui c'était. Je m'étais senti obligé de leur préciser que, non, il ne jouait pas troisième ligne ... Bref, revenons à cette bouteille. Imbuvable. Une sensation d'assèchement très marquée, malgré des tannins absents, un fruit plutôt charmeur au nez mais qui finissait ensuite sur une rétro-olfaction désagréable. Pas l'impression d'une bouteille défectueuse, pourtant. Bizarre. Redonner une chance. Celle-là a en tout cas fini dans l'évier.

On continue avec un Don PX Joven des Bodegas Toro Albala. PX, c'est le Pedro Ximenez, un cépage qui donne des vins liquoreux très concentrés, très riches, et incomparables avec quoi que ce soit d'autre. Habituellement on trouve de vieux millésimes à la vente, à des prix tout à fait raisonnables. J'avais ainsi goûté, et adoré, un 1972. Le flacon qui occupe toujours la contreporte de mon frigo est en revanche un 2004. Pour être concentré, ça, y'a de la matière. Mais une lourdeur, une lourdeur, pfiouuu ... Servi initialement tout juste sorti de cave, donc à 12-13°, c'était insupportable. Après un long passage au frigo, donc à moins de 6°, ça devient à peu près supportable sur quelques centilitres. On a essayé différents accords (avec un chocolat aux fruits de la passion pour apporter un petit côté acidulé, avec des clémentines pour la fraicheur, ...), sans améliorer notablement le résultat. Passons. Je trouverai bien un moyen de le cuisiner ...

Troisième déception, plus relative celle-là, avec le vin de paille 2002 du domaine Geneletti (Jura). Découvert dans sa jeunesse lors de cours de dégustation, c'était un véritable bonheur, que je pensais voir vieillir favorablement. La dernière bouteille, ouverte hier, est hélas venue anéantir cet espoir. Un fruit déjà terne, moins d'harmonie, un boisé qui ressort et domine alors qu'il était imperceptible il y a trois ans. Bof bof ...

Du coup, j'ai fini ma bouteille de Talisker. Qui était déjà entamée, je précise pour le Camarade Commissaire Surveillant Général. Pis après j'ai pas pris le volant, j'ai pas battu ma femme ni ma fille, et je crois même que j'ai réussi à lire des articles de Courrier International en comprenant tous les mots. Sans vomir.

Note

[1] pas complètement en fait, il semble passionné de vin, et descend si j'ai bien compris plus ou moins directement d'une famille de viticulteurs