Comment faire fuir ses lecteurs ?
En revenant aux fondamentaux, comme dirait Bernie Laporte, c'est-à-dire aux thèmes qui m'intéressent moi, et par voie de conséquence ne passionnent pas du tout 99.973% de la population.
Premier sujet apporté sur un plateau par cet article sur clubic à propos de l'utilisation du calcul distribué pour la prévision de séismes. Le projet ambitionne d'utiliser les informations fournies par les accéléromètres embarqués sur une part grandissante des ordinateurs portables (accéléros leur permettant d'éviter les contacts entre disque et tête de lecture en cas de chute). Ces capteurs sont moins précis que ceux des vrais sismographes, mais il est argumenté que leur défaut de précision sera compensé par leur nombre :

"La précision d'un tel capteur n'égalera jamais celle d'un véritable sismomètre, mais il suffirait de multiplier leur nombre pour augmenter l'efficacité du dispositif."

Argument tout à fait contestable per se, en l'absence de précisions supplémentaires. Si l'accéléro de mon portable est infoutu de mesurer des signaux inférieurs à 0.1g (son boulot est juste de déclencher l'alerte lorsqu'on s'approche du g), ce n'est pas en en disposant trente au mètre carré que l'on pourra déceler les signes précurseurs d'une activité sismique si ce niveau d'accélération n'est pas atteint... S'il s'agit de faire de la prévision, c'est aux ondes P qu'il faut s'intéresser, les premières à parvenir en un endroit donné, avant les plus destructrices ondes de type S. Si je reprends ce qu'en dit la page wikipedia, une amplitude centimétrique sur une fréquence de l'ordre du Hz conduit, en supposant le machin plus ou moins harmonique, à une accélération maxi tournant autour de 0.4 m.s^-2, soit vingt fois moins que ce qui devrait pousser un accéléro de portable à sonner l'hallali. Accessoirement, les ondes P sont des ondes de compression, qui se manifestent par des mouvements horizontaux à la surface. Je doute que les accéléros embarqués soient des triaxes ...

Pour ceux à qui tout cela donne envie de se plonger soudainement dans la sismométrie, je conseille la lecture de ce dossier réalisé par l'univ. de Strasbourg.

Sujet suivant, l'heuristique de Warnsdorff. J'en avais déjà parlé, juste après le petit-déjeuner, elle constitue un moyen simple mais efficace de trouver des chemins dits hamiltoniens sur un échiquier, c'est-à-dire permettant de couvrir les 64 cases en s'y déplaçant comme un cavalier[1]. Un papier sur arXiv nous apprend qu'environ 79000 des 2.6 millions de parcours disponibles sont non-hamiltoniens, ce qui signifie que l'heuristique fonctionne dans 97% des cas. Le choix de la permutation retenue (parmi les 8! possibilités) pour systématiser le déplacement du cavalier à chaque coup a cependant une influence sur le risque d'aboutir sur un chemin non-hamiltonien.

Note

[1] sans repasser sur ses traces de sabot, évidemment