En plus de la série en cours écrite par Olivier Leschiera, ex-ingénieur Peugeot-Asiatech en F1, Mémoire des Stands laisse la parole à Eric Bhat, fondateur d'Auto-Plus en 1988. Je ne me souvenais pas que la création de cette revue était aussi récente. En 88 j'étais déjà un lecteur assidu de la presse auto, et je ne me rappelle pas avoir vu la moindre mention de l'arrivée d'un nouvel hebdomadaire. Soit ma mémoire est à mettre en cause, soit cela illustre parfaitement les ricanements des concurrents qu'évoque Bhat au début de l'aventure, ricanements dont une bonne partie des amateurs d'automobile gratifie toujours aujourd'hui les productions de ce journal à qui on peut au moins reconnaitre une qualité fondamentale : celle de ne pas péter plus haut que son cul.
C'est du facile à lire, prêt à digérer, la couverture se fait volontiers racoleuse, et le format est si peu pratique qu'on est obligé de le mettre à la benne sitôt terminé. Mais il y avait assurément une place pour ce genre de presse auto, parce qu'il y a 30 millions d'automobilistes en France que le sport automobile (Echappement, Sport Auto, Auto Hebdo) n'intéresse pas, qui se moquent de la précision des essais fouillés du Moniteur et ont envie de lire un truc moins sérieux que l'Automobile Magazine.

Aujourd'hui, la concurrence à laquelle doit faire face Auto-Plus vient du net, et il n'est pas très étonnant d'apprendre que le rédac'chef de Caradisiac est un des anciens collaborateurs d'A-P. De l'info fraîche (?), un travail de recoupement que j'imagine réduit à sa plus stricte expression, quelques news bien croustillantes, et hop ! La lecture des commentaires du blog Caradisiac est assez révélatrice de la population ciblée ... Disons pour être poli que ce n'est pas tout à fait au niveau de ce qu'on peut lire sur Mémoire des Stands, justement.

Bhat se réjouit de ce qu'Auto-Plus a rapidement fait trois fois plus de tirages que ses concurrents. Caradisiac est 100 ou 1000 fois plus lu que MdS, et il se vend plus de Science & Vie que de numéros de La Recherche. La seule conclusion valable qu'on peut en tirer, c'est qu'il y a de la place pour les deux catégories sur le marché ; mais il serait bien présomptueux d'en déduire quelque chose sur la qualité relative des publications. Inutile de revenir sur la nécessaire distinction entre popularité et qualité, dont on a déjà parlé il y a peu.