Sans surprise, donc, le plan originellement ficelé par l'ami Riton en trois pages, qui s'est ensuite fait rétamer par la Chambre des représentants malgré une centaine de feuillets supplémentaires, puis a été accepté par le Sénat dans une version en 450 pages digne des Bienveillantes de Littell, a finalement gagné le match retour face à la Chambre aujourd'hui.

"Le ton est celui du mépris désenchanté, pour cette direction politique impuissante, médiocre, impréparée en tout, qui n’a rien vu venir et qui a improvisé avec des bouts de ficelles et des centaines de $milliards un plan mirobolant dont nul ne sait comment il marchera, – puisqu’il sera voté sans doute, aujourd’hui, par la Chambre, puisqu’on y a mis le prix en y attachant divers avantages qui doivent séduire divers Représentants dans leurs entreprises locales de réélection. Il nous paraît évident que l’interprétation de Krugman est la bonne, que le “bailout”-miracle de Paulson n’a rien ni d’un complot, ni d’une formule magique, que c’est l’improvisation dans la trouille du désastre de quelques amateurs qui ne s'étaient jamais aventurés à concevoir que la direction d'un pays de la puissance des USA pouvait être différente de celle d'une grande banque d’investissement mangée par les termites de service et assurée de voir ses dettes réglées par la puissance publique."
(dedefensa.org, le 03/10/2008)

Même si le montant de 700 Md$ est un plafond, gageons qu'il sera atteint[1]. J'ai du mal à croire que la première ligne prévue, qui s'élève je crois à 250 Md$, suffira à calmer un marché sous perfusion qui a vu bien plus de liquidités circuler depuis deux trimestres sans parvenir à se remettre debout.
A noter que ce plan inclut un relèvement du plafond fédéral de garantie des dépôts bancaires, qui passe ainsi de 100 000 à 250 000$ (pour info, ce plafond est de 70 000€ en France). Imaginons qu'un petit million de déposants fasse fonctionner cette garantie ...

Pendant ce temps là, sur la planète automobile, tout le monde fait la gueule itou. Le salon de l'Auto vient de s'ouvrir :

M. Ghosn a fait part de son extrême inquiétude sur le court terme. "Ce n'est pas la crise économique qui m'inquiète mais la crise financière, lance-t-il. Car si on ne peut plus emprunter auprès de nos banquiers, nous serons obligés de réduire l'utilisation de notre trésorerie. Donc, nous réduirons nos stocks et nous limiterons nos investissements." Le 23 octobre, le patron de Renault pourrait en profiter pour faire un nouveau point sur ses perspectives 2008.

Préoccupé aussi Christian Streiff, le président du directoire de PSA Peugeot-Citroën. "Nos équipes présentent leur travail réalisé depuis de longs mois. Mais mes préoccupations sont bien différentes. Je dois garantir mes liquidités et garder un oeil extrêmement attentif sur la banque du groupe PSA Finance", concède-t-il un brin dépité.

(Le Monde, 03/10/2008)

Incapables d'anticiper la crise au moment de la présentation de leurs plans respectifs (Contrat 2009 pour l'un[2], CAP 2010 pour l'autre[3]), les deux dirigeants seront-ils capables de se positionner correctement pour les années à venir ? L'un des deux au moins, probablement, aura eu tort :

Engagé sur le véhicule zéro émission, M. Ghosn a dévoilé, jeudi, le Z.E. Concept, un prototype de véhicule électrique. Le constructeur prévoit de lancer une Mégane et un Kangoo électrique. Renault espère vendre 20 000 à 40 000 véhicules électriques dès 2011, puis 100 000 en 2012. A cette date, un véhicule spécifique sera proposé."
(...)
M. Ghosn semble faire un peu cavalier seul dans cette course à la voiture zéro émission. Les patrons de PSA et de Ford se montrent en effet beaucoup plus sceptiques. "La voiture électrique n'est pas prête pour une consommation de masse", soutient Alan Mullaly, le PDG de Ford, qui croit bien plus aux moteurs hybrides (moteur thermique et électrique). M. Streiff va encore plus loin : "Le véhicule électrique, c'est un peu la tarte à la crème ! Ce n'est pas ça qui va révolutionner l'automobile."

Notes

[1] il faudra cependant de nouveau solliciter l'accord du Congrès pour entamer la deuxième moitié de la liasse

[2] datant de février 2006

[3] ... mai 2007