Fitoussi, repéré par O.B-O, pointe le comique de situation : après avoir assuré la pérennité des marchés financiers en s'engageant dans de coûteux plans de relance, certains états se voient maintenant menacés d'une rétrogradation de la note attribuée à leur dette, par ces mêmes agences de notation dont les insuffisances avaient été décisives dans le déclenchement de la crise économique de 2008.

"Le comble du cynisme est atteint lorsque les agences de notation se mettent à redoubler leur surveillance sur la dette des Etats, et que les marchés, qui en furent les victimes, leur accordent la plus grande attention. Combien d'épargnants, combien d'institutions financières, ont-ils acheté, confiants dans leur notation, des titres donnés pour sûrs, alors qu'ils incorporaient des risques considérables ?

Cette incompétence des agences de notation est aujourd'hui mise au service des marchés de titres publics. Elle fut coresponsable de la crise en sous-évaluant les risques inhérents à la détention de titres privés ! Les mêmes causes ayant les mêmes effets, elle pourrait être à l'origine d'un approfondissement de la crise si elle s'exprime par une surévaluation des risques attachés à la détention des titres publics."

(Après la crise, un conte parfaitement immoral, Jean-Paul Fitoussi, Le Monde, 04/01/2010)