(Tiré d'un article de lequipe.fr du 03/10/2011)

La défaite face aux Tonga (19-14) s'inscrit dans la triste histoire du Quinze de France. Richard Escot et Pierre-Michel Bonnot reviennent pour nous sur les défaites les plus improbables des Bleus.

24 mai 1990, Auch. France-Roumanie : 6-12

«C'est un cadeau fait à Philippe Dintrans nommé capitaine. C'est un match à la limite du jubilé et du match de préparation. Sous la pluie, les Roumains ont un coup à jouer face à cette équipe de France composée de manière très bizarre où l'on retrouve Saint-André au centre. Les Français ne sont pas très inspirés derrière, sont avant tout sur du combat. Quelque part, c'est le chant du Cygne de Jacques Fouroux comme entraîneur. C'est une humiliation personnelle, chez lui à Auch. Les Français sont ébranlés. C'est la fin de tout un tas de mecs.»

14 novembre 1992, Nantes. France-Argentine : 20-24

«1992, ce sont les grands débuts de Pierre Berbizier qui réalise des choses pas trop mal en se privant de Jean-Baptiste Lafond ou Franck Mesnel. Il part avec une jeune génération. A cette époque-là, les Pumas sont principalement composés de joueurs de Buenos Aires. Et la Fédération s'aperçoit qu'il y a de bons joueurs en Province en particulier l'ouvreur Santiago Meson, véritable canonnier de Cordoba. C'est la première vraie grosse équipe des Pumas. Sur ce match de Nantes, ils se sont rendus compte qu'ils avaient des guerriers. "Berbize" commet une erreur en alignant Alain Penaud au centre. Les Bleus sont incapables de reprendre le match. Pierre Berbizier est à deux doigts d'être viré. Il est sauvé par Lapasset.»

4 juin 1994, Vancouver. Canada-France : 18-16

«Ce match reste dans l'histoire pour l'expulsion de Philippe Sella. C'est la première fois dans l'histoire du rugby que l'arbitre présente ses excuses pour une expulsion qui n'est pas méritée. Le carton est retiré à Sella. Il a un casier vierge dans sa carrière. Ils se sont rendus compte qu'il n'avait pas donné de coup de poing, c'est un réflexe de défense. Il a été officiellement blanchi par l'IRB. Sur la rencontre, les Français n'y sont pas du tout. Ils n'imaginent pas que les Canadiens puissent être à ce niveau-là.»

22 mars 1997, Grenoble. France-Italie : 32-40

«La France sort d'un Grand Chelem sur les tripes, sur l'émotion avec des mecs un peu inconnus. Benazzi fédère ces mecs en qui personne ne croyait vraiment. Sur un moment d'émotions, ils sont totalement démobilisés à Grenoble dans un match comme la Fédération sait en organiser pour promouvoir le rugby à Grenoble et les mecs n'ont absolument pas envie de jouer. Les Italiens ont vraiment bien joué. Ce n'est pas un moment de honte. L'équipe de France a combattu mais les Italiens ont sorti le match de leur vie devant une foule de supporters transalpins.»

16 juin 1999, Nuku'Alofa. Tonga-France : 20-16

«La France arrivait de Apia (Samoa). Les Tongiens étaient tous en noir, en deuil. Ils n'applaudissaient pas mais sur les plaquages de leur équipe qui renversaient un Français, ils n'arrêtaient pas de rigoler. C'était l'équipe B française lors cette Tournée avant de disputer la Coupe du monde. Ils avaient laissé les mecs au repos à l'exception de Galthié et Sadourny. Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux ont fait comme si ce n'était pas grave, il faut passer à autre chose. Diplomatiquement, la France avait été un peu obligée d'aller jouer aux Samoa et aux Tonga en raison des essais nucléaires. C'était vraiment une tournée superflue. Les Français étaient sortis mâchés.»