"Vivement que la page se tourne sur cette saison de MotoGP" (Carnet Sport, 10/11/2011)


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Cette année, un pilote en particulier aura été au cœur de tous les débats : Valentino Rossi et son mariage avec Ducati. Tout le monde attendait de cette union un miracle aux couleurs de l’Italie, mais hélas il ne s’est opéré qu’au niveau marketing avec une augmentation des ventes de Ducati de plus de 35% au niveau mondial. Une bien belle affaire qui aura vite rentabilisé l’investissement de la firme. Mais sur le plan purement sportif, ce contrat historique dans le monde du MotoGP n’est en rien un coup de pub pour la marque. En effet, dès les premiers tours de roues sur la Desmosedici, Valentino Rossi et son Manager, Jeremy Burgess, comprirent que la route serait longue… Et ils ne s’y sont pas trompés ! Avec des temps en moyenne 1.5 sec dernière le leader Casey Stoner et avec plusieurs chutes Valentino, le nonuple champion, aura eu tout le mal du monde pour développer cette Desmosedici, qui aura tout au long de la saison évolué d’une GP11 à GP11.1 en passant même par une GP11.1’. D’ailleurs, Preziosi, patron de l’écurie des rouges, a commenté : “C’est la pire chose qu’on puisse demander à un pilote. Les pilotes veulent toujours faire de leur mieux le dimanche en course et c’est dur de leur demander de se conduire comme des pilotes d’essais durant tout le week-end. Valentino et Nicky l’ont cependant fait pendant toute l’année, afin d’avoir une meilleure machine pour la suite.” Mais malgré tout, Rossi prend la 6ème place au général et se place comme la première Ducati.

Aux antipodes des italiens, la firme du soleil levant, Honda, a vu naître un nouveau champion du monde sous le nom de Casey Stoner. L’australien aura fait une saison parfaite et sans faille. Tous ses détracteurs diront que la Honda est au-dessus du lot, tant en terme de puissance, que de maniabilité et de feeling. Mais on ne peut retirer à Stoner le mérite d’avoir piloté cette RCV212 d’une main de fer dans un gant de velours. Amenant cette machine dans ses retranchements, et par la même, offrant un spectacle sans égal, il a clairement montré que le kangourou a du ressort ! Mais de mon point de vue, être un grand pilote, c’est aussi une histoire de sympathie et d’humilité, et là, l’australien n’a en rien rencontré son public, avec des mots et gestes parfois durs et déplacés envers ses adversaires – mais ce n’est que mon point de vue.

Quoi qu’il en soit, Lorenzo, le champion du monde 2010, aura tout tenté pour conserver son titre. Et malgré un pilotage tout aussi impressionnant que l’australien, il a dû se résigner à monter sur la deuxième marche du podium. Jusqu’à la fin il se sera battu, et selon moi, a enfin gagné ses lettres de noblesse. Car l’an dernier, Lorenzo avait gagné le titre, mais pas la reconnaissance de son talent. Chevauchant la Yamaha M1 entièrement pensée par Valentino Rossi depuis de longues années, le public avait jugé ce titre plus ou moins « volé » à Rossi. Mais en 2011 l’histoire ne se répéta hélas pas, surement à cause d’une Yamaha moins performante que la Honda.

Cette année aura également été marquée par quelques autres pilotes comme Pedrosa et Dovizioso qui auront passés la saison à se battre pour la 3ème place sur le podium et ce, jusqu’à la dernière course. Dovizioso l’emporta sur le fil et place donc deux Honda sur le podium et trois parmi les quatre premiers, un bel exploit !

L’autre homme fort du championnat 2011 est Alvaro Bautista, le seul pilote Suzuki engagé, qui a le mérite d’avoir amélioré son classement tout au long de l’année en venant même chatouiller les meilleurs à plusieurs reprises. L’espagnol a démontré à son team – et à tous d’ailleurs – sa solidité et sa combattivité n’ayant que lui pour faire avancer sa GSRV, tant au niveau du feedback que des tests. Une belle prouesse que je tenais à souligner.

Enfin, parlons de notre ami français, Randy de Puniet. Que dire si ce n’est que nous ne pouvons qu’être déçus de sa saison et il en conviendra lui-même ses résultats au général ne sont pas à l’image de son engagement. Régulièrement dans le Top10 aux essais et aux qualifications, Randy a subi bon nombre de mésaventures, de chutes et de problèmes techniques sur sa Ducati Pramac. Une situation qui a surement affecté son moral, l’empêchant de revenir aux avant-postes au point de voir sa position de pilote MotoGP remise en cause, avec un potentiel départ en SBK…

Mais au-délà de ce classement des pilotes et de ces quelques commentaires sur la saison, je souhaite pointer du doigt un élément qui vaut le titre de cet article. Pour ce faire, je citerai Loris Capirossi (Ducati Pramac), qui vient d’ailleurs de faire sa dernière saison en GP à l’âge de 38 ans. En partant, il vient de jeter un pavé dans la marre en annonçant que : « Bridgestone amène certains vieux pneus sur les week-ends de course, construits il y a un ou deux ans. Il suffit de regarder les numéros de série pour le découvrir. Et j’ai hérité de l’un d’entre eux cet après-midi. A cinq minutes de la fin de la séance, j’ai monté le pneu que j’utilisais ce matin, même s’il était quasiment détruit, et j’ai tout de suite pu abaisser mes temps. J’ai déposé des requêtes auprès de Bridgestone pour l’année prochaine : cette habitude d’amener des pneus qui ne sont pas frais doit changer immédiatement. »

Cette accusation envers l’équipementier unique et officiel du motoGP, Bridgestone, me conforte dans l’idée que le nombre de chutes absolument anormal – et parfois même inexpliqué – cette année, ne pouvait pas être un simple fruit du hasard ! A ce niveau de compétition et d’autant plus, sur des prototypes qui avoisinent les 240cv pour moins de 160 kilos, un tel manque de professionnalisme de la part de Bridgestone et de la Dorna (organisme encadrant le motoGP) me sidère !

Alors, il ne faut pas uniquement blâmer Bridgestone pour toutes les chutes, mais quand on sait que le contact au sol d’une motoGP est de la taille de deux cartes de crédit, et que ce contact doit permettre de passer plus de 240cv et donner un maximum de grip et de feedback au pilote pendant plus de 20 tours en moyenne, tout en maintenant le même degré de performances, il me semble clair qu’il est temps de relancer la compétition entre les différents équipementiers pour ne plus voir des courses commencer avec 16 pilotes, pour finir avec seulement 10 d’entre eux.

Sans compter que cette année, les chutes auront coûté très cher ! Entre toutes les fractures de clavicules et de doigts inhérentes au sport de haut niveau, on retiendra le décès de Marco Simoncelli et le doigt arraché de Lorenzo. Alors comment à un tel niveau de compétition peut-on laisser passer de tels aberrations ? Oui, il faut faire des économies, mais pas au dépend du matériel et de la sécurité des pilotes.

Jusqu’à la dernière course nous avons vu l’effet dévastateur des pneumatiques – combiné à l’erreur humaine – avec la chute de Bautista (Suzuki) qui aura balayé trois autres pilotes au bout de la première ligne droite (Rossi, Hayden et Randy) ! J’espère donc que pour la saison à venir, la Dorna prendra les mesures pour corriger le comportement de certains équipementiers et intervenants. Je pense notamment aux commissaires de pistes qui à plusieurs reprises ont oublié de signaler des avaries sur la piste et fait tomber Marco Simoncelli de sa civière… Alors, je ne reviendrai pas plus sur tous ces évènements, mais il était temps que cette saison se termine !