"Alors que les ressources naturelles regagnent de la valeur dans les calculs économiques, l'homme, devenu en quelque sorte moins rare que la nature à l'échelle mondiale, voit la sienne s'effriter par le jeu de l'offre et de la demande. Comme au XIXe siècle dans certaines régions industrielles d'Europe, la valeur d'usage de l'homme avoisine zéro dans certaines parties de la planète, et un nombre croissant de nos concitoyens voient leurs revenus chuter en-dessous du niveau de subsistance. Nous voici entrés dans l'ère de "l'homme jetable", qui porte en germe une question sociale globale.
(...)
Une étude récente de l'économiste Patrick Artus montre que l'économie mondiale est économe en travail, alors que le travail est abondant, mais qu'elle est fortement consommatrice de certaines ressources naturelles pourtant rares et non-renouvelables.Ce paradoxe s'explique facilement : l'économie, science de la rareté, a négligé la valeur du capital naturel tant que celui-ci était considéré comme infini, si bien que le consommateur ne paie aujourd'hui que le prix de l'extraction des ressources (eau, énergies, minerais), et non leur valeur intrinsèque - ni, d'ailleurs les coûts sociaux liés à leur utilisation (émissions de CO2, pollution des cours d'eau...). Inversement, l'économie enseignant de taxer l'usage des denrées rares pour épargner leur consommation, nos politiques économiques n'ont cessé de taxer chaque année davantage le travail, essentiellement par le biais des charges sur les salaires. Ce choix était cohérent avec une situation de relative pénurie de main d'œuvre et de disponibilité de la nature. Mais celle-ci est révolue."
Réinverser les raretés : pour une double révolution fiscale (LeMonde.fr, 04/02/2012)
L'homme est trop abondant
vendredi 6 avril 2012. Lien permanent Eco
7 réactions
1 De Krysztof von Murphy - 12/04/2012, 21:32
Excellent comme remarque…
D'un côté de la planète le travail humain (peu qualifié…) ne vaut rien… alors que de l'autre, chez nous il est le coût majeur. Faut-il taxer les biens matériels (selon leur coût écologique notamment ?) pour rendre le travail humain le moins cher possible ?
Avec le vieillissement de la population (européenne comme chinoise…) les hommes vont-ils à nouveau redevenir une ressource rare et chère ?
2 De Eric C. - 12/04/2012, 22:48
Vieillissement relatif, certes, mais avec une quantité toujours croissante de population "employable"
cf http://goo.gl/IiMuX
3 De Eric C. - 12/04/2012, 22:50
Ou encore http://www.ats-sea.agr.gc.ca/blog/img/5814001.gif
4 De Krysztof von Murphy - 15/04/2012, 19:44
Quantité croissante peut-être, mais ça veut dire aussi « consommateurs ». Que ces Chinois ou Indiens aient le niveau d'éducation et le pouvoir d'achat de misérables agriculteurs ou de celui de l'Américain moyen fait/fera une énorme différence. Ce qui fait le prix du travail humain, c'est sa rareté et son niveau de qualification par rapport aux besoins. Ce qui explique d'ailleurs que d'un côté on ait des professions très demandées et de l'autre des millions de chômeurs. L'inadéquation ne se résout parois qu'en plusieurs générations...
5 De Krysztof von Murphy - 15/04/2012, 19:50
Je préciserais que dans ton 2è graphique, la projection des populations jusque 2100 est plus qu'osée. Impossible de savoir ce que ce siècle réservera. Les changement sociétaux en Europe au XXè ont été tellement nombreux et violents (et je parle pas des guerres et des migrations) que toute statistique fait en 1912 serait hilarante aujourd'hui.
Va savoir si l'Inde et la Chine, puis l'Afrique, ne vont pas nous passer devant sur le chemin du développement par la croissance zéro en population, pendant que l'Allemagne et la Russie, promises au déclin, retrouveront le chemin de la croissance démographique modérée.
Et ceci sans introduire de 3è Guerre Mondial, de Génocide Nanotechologique, ou d'Effondrement écologique meurtriers.
6 De Eric C. - 16/04/2012, 16:29
"Et ceci sans introduire de 3è Guerre Mondial, de Génocide Nanotechologique, ou d'Effondrement écologique meurtriers."
Mais, mais ... on va s'ennuyer !
7 De Krysztof von Murphy - 16/04/2012, 21:23
S'ennuyer, s'ennuyer… Je préfère ça aux « époques intéressantes » de la malédiction chinoise :-)