Challenge : donner quelques bases à ceux qui ont envie de découvrir le vin, sur une page la plus courte possible, tout en essayant de ne rien oublier d'essentiel. Quelques liens vers des billets déjà écrits permettent d'approfondir ...

  • Le vin peut être un produit complexe, mais il faut l'aborder de manière décomplexée. Tous les amateurs de vin du monde ont commencé au niveau le plus élémentaire d'analyse : j'aime / j'aime pas. Il n'est pas nécessaire de disserter plusieurs minutes sur le contenu d'un verre pour être un amateur digne de ce nom. La seule qualité requise, à mon sens, est la curiosité. Ce qu'il "faut", a minima, c'est goûter des vins différents, issus des régions viticoles du monde entier, pour définir plus précisément ce qui vous plait. Si malgré cela rien ne vous pousse à approfondir le sujet, vous aurez au moins la possibilité de calmer les cavistes les plus pindariques en leur demandant s'ils ont déjà goûté du Shesh i zi albanais.
  • Le vin est fait à partir de (jus de) raisins qui fermentent. Lors de cette fermentation, les sucres se transforment en alcool.
  • S'il reste du sucre en fin de fermentation le vin est dit moelleux (ou liquoreux). Sinon il est dit sec.
  • La couleur du vin rouge vient du contact avec les peaux lors de la macération (plus de détails ici)
  • Le vin est le produit d'un terroir, terme à géometrie variable qui peut englober, selon les sensibilités, les notions de région, de sol, de climat (au sens météorologique), de géologie ... Mais le goût, le "style" d'un vin sont avant tout conditionnés par les cépages utilisés, c'est-à-dire les variétés de raisin (plus de détails ici). On peut mélanger les cépages (vin d'assemblage) ... ou pas (vin mono-cépage), la pratique variant selon la région, l'appellation ...
  • Le travail de l'homme, à la vigne comme au chai, est évidemment important. Mais le meilleur vigneron du monde ne pourra jamais faire un grand vin si les autres conditions ne sont pas réunies : cépage adapté au sol, millésime favorable, etc ...
  • Le millésime, justement : c'est un des autres éléments fondamentaux qui conditionne la qualité des vins. Pour obtenir un "grand millésime", la météo doit être "favorable" du printemps jusqu'aux vendanges
  • De bons vins, de grands vins, sont faits presque partout sur la planète. Ce n'est pas une exclusivité bordelaise ou bourguignonne :) Et ce n'est pas un phénomène récent ! En 1976 déjà, des vins californiens avaient été préférés aux stars françaises lors d'une dégustation à l'aveugle ... dont beaucoup de jurés étaient français
  • Des vins chers sont faits presque partout sur la planète :) Il n'y a certes pas de corrélation directe entre prix et qualité, mais le prix demeure un bon indicateur de la demande.
  • En Europe : Allemagne, Italie, Espagne, Autriche, Suisse, Hongrie, Portugal sont des pays dont certains vins font rêver tous les amateurs
  • Hors Europe : on peut citer Etats-Unis, Argentine, Chili, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande ... pays auxquels on pourra sans doute bientôt ajouter la Chine.

Le marché du vin est divisé en trois "segments" assez distincts, entre lesquels les passerelles sont rares : le vin "de masse", le vin "bourgeois", et le vin "de luxe".

  • La consommation de masse est en baisse continue depuis plusieurs décennies. Une étude de 2009 (pdf [1]) estime que 65% du vin est vendu (en France) par le biais de la grande distribution, pour un prix moyen qui s'élève à 3€54 par litre, soit 2€65 par bouteille !
  • Le marché du vin de luxe explose depuis vingt ans. L'indice des "Fine Wine Investables" construit depuis 1988 sur la base des crus les plus prestigieux montre une multiplication par 5 des prix entre 1992 et 1998 (.xls), puis une multiplication par 3.6 entre 2004 et 2011. Malgré une légère décrue depuis le pic du printemps 2011, en vingt ans (de 1992 à 2012) le prix de ces grands crus aura augmenté de plus de 1100% ! On parle ici bien sûr des "grands Bordeaux", mais cette région n'a pas le monopole des prix à trois chiffres : c'est très probablement en Bourgogne que l'on trouve le plus de cuvées dans des prix allant de 50 à ... plus de 500.
  • Entre les deux, le vin "bourgeois" est principalement distribué par les cavistes, dans une gamme de prix allant de 5 à une vingtaine d'euros (ordre de grandeur approximatif, qui, en 2012, constitue je pense l'écrasante majorité des ventes chez les détaillants spécialisés). C'est le marqueur d'une clientèle qui boit sensiblement moins que ses ainés, mais essaie de boire mieux.
  • Dans cette gamme de vin, la tendance forte de la décennie qui vient de s'écouler est l'essor de la mouvance bio. En opposition aux générations précédentes qui ont parfois (souvent) abusé de traitements ayant détruit la vie dans les sols, un nombre sans cesse croissant de vignerons privilégie aujourd'hui un mode de viticulture plus respectueux de la nature. Ceux qui vont le plus loin travaillent en bio, d'autres se contentant de ce qu'on appelle une "lutte raisonnée". La définition même de ces termes étant en perpétuelle évolution, je n'irai pas plus loin sur ce sujet dans cette page. Le choix du bio a un impact sur la résistance des vignes aux maladies (impliquant, au moins à court terme, une prise de risques plus importante lorsque les conditions météo sont défavorables), sur la conservation des vins (les vins bio sont en général plus fragiles, exigeant des caves plus fraiches), et sur leur "versatilité" (le risque de bouteilles défectueuses étant un peu plus élevé). Les partisans du bio estiment que les vins sont en contrepartie plus fidèles à leur terroir, plus "vivants". Il est important de garder en tête que ce sujet est au coeur de discussions enflammées sur les forums d'amateurs du monde entier ... Quant à savoir si le bio est synonyme de qualité, je laisse le lecteur se forger sa propre opinion. Cela pourra prendre du temps :)

A SUIVRE (les critiques, les foires aux vins, quelques bases de dégustation, les sources d'informations ...)

Note

[1] edit mai 2013 : ah, le lien est cassé. Mais on trouve un bilan 2011 ici