Le Monde a consacré cet été quelques portraits à des personnalités connues du monde du vin :

Agé de 78 ans et en pleine forme, Robert Plageoles, vigneron ampélographe jamais à la retraite, est devenu une référence en matière de cépages anciens et l'autorité absolue pour le mauzac. Ce n'était pas encore le cas en 1982, lorsqu'un gars de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) est venu le voir. Depuis ses débuts en 1975, il a toujours écrit "mauzac" sur l'étiquette de ses vins. "Vous savez qu'il est interdit de mentionner le nom du cépage sur la bouteille ?, lui fait remarquer l'inspecteur.

– La France est un Etat de droit, que je sache ? L'Alsace fait bien partie de la France, non ? Et sur les bouteilles d'Alsace, on lit bien riesling, sylvaner, etc., a rétorqué le vigneron.

– Oui, mais elle bénéficie d'un régime particulier.

– Et pourquoi pas nous à Gaillac ? Vous allez me faire un procès ? Vous savez où il habite l'avocat de l'INAO ?

– ? ? ?

– A Sainte-Cécile-d'Avès, à 8 km d'ici. Je l'ai comme client. Il boit des coups chez les Plageoles depuis des lustres. Vous croyez qu'il va plaider pour me tuer ?"

L'échange s'est arrêté là. Depuis, tous les cépages s'affichent en grand sur les flacons des Tres Cantous. "C'est pôvre à dire, mais pour transgresser les règles, il faut avoir une certaine puissance de conviction ou de relations."

Le Monde, 20/08/2013