Il était ouvert dans mes onglets quasiment depuis sa sortie, mais je ne l'avais pas encore lu en entier (et dire que j'ai des collègues qui ont découvert cette semaine ce que procrastiner veut dire ...) : "Pourquoi les journaux meurent-ils ?", un entretien avec Joshua Benton paru sur Next en juin dernier.
Résumé très rapide du constat qu'il fait sur la presse US :

  • les grands journaux nationaux (NYT, WSJ) s'en sortent mieux grâce à leur force de frappe, mais les journaux "locaux" ont perdu leur monopole publicitaire. Dans le monde entier il y a des gens qui veulent lire le New York Times, mais pas le Dallas Morning News
  • une douzaine de compagnies finiront par dominer l'information mondiale (parmi lesquelles on retrouvera probablement le Guardian, la BBC, Bloomberg et le New York Times)
  • personne n'a encore trouvé la "bonne" stratégie pour faire payer le contenu en ligne : double site (un site payant et un site gratuit avec des contenus distincts), péage après lecture d'un certain nombre d'articles gratuits (comme le NYT), etc ... [1]
  • les lecteurs fidèles sont généralement intéressés par les grandes enquêtes, ce qui pourrait (devrait) pousser les rédactions à privilégier du contenu d'investigation
  • les journaux n'ont pas encore innové de manière convaincante concernant leurs applis mobiles, et considèrent encore leur site mobile comme une simple extension du site web, alors que l'expérience de lecture devrait y être différente
  • la presse magazine a l'avantage d'avoir un lectorat bien identifié. Mais elle ne sait pas encore en tirer profit.

Je lui laisse la conclusion :

"il est vrai que jusqu’à très récemment, les journaux estimaient que leur lectorat leur était dû, en quelque sorte. Qu’ils n’avaient pas à se battre. Aujourd’hui, ils se rendent compte que non, leur lectorat n’est pas la population dans son entier. Qu’il faut identifier ceux qui ont envie de lire la presse, et leur proposer des sujets susceptibles de les intéresser. Contrairement aux commerciaux, qui ont toujours su, eux, que le lecteur venait aussi pour les petites annonces ou les comics ! Mais le journaliste avait l’illusion que la lecture de la presse faisait partie du travail de tout bon citoyen. Rires."

Notes

[1] Lire à ce sujet l'article paywall sur wikipedia