On avait déjà joué en février 2015, remis ça en avril dernier (mais je n'avais pas écrit de CR ici), et ça nous a repris le week-end dernier, vu que l'épreuve était organisée aux Riceys, pas trop loin de Paris. Départ vendredi soir pas trop tard, mais pas de bol, jour de flotte, bordel francilien habituel, 1h40 pour faire 50 bornes en partant de Boulogne, et 3h de trajet au total. On avait pris un gite quasi sur place, partagé avec Arnaud et Sylvain qui composaient un autre binôme. Mini entrainement le soir, avec un joli cadeau de Sylvain qui nous ramène un Bourgogne 2011 de Coche-Dury, très beau, même bu à l'aveugle comme quoi les grandes bouteilles n'ont pas forcément besoin de montrer leur étiquette pour plaire :)
Et c'est parti samedi matin à 9h30 pour le 1e vin. On est dans le sud de la Champagne, on s'attendait à une bulle ... et ça commence fort avec un vin qui n'est manifestement pas du coin.
Vin n°1 : tranquille, sudiste, gras. Nez peu expressif mais avec de la profondeur, équilibre gras-amertume, rétro présente et plaisante. Ca commence pas mal. Je pense tout d'abord à un vermentino (provençal ou corse), pour l'amertume et le nez absent. Puis je pense au Rhône, note "St-Jo ?". Laetitia évoque Cassis. Il y a suffisamment d'acidité dans le vin, c'est pas déconnant. On note donc "Clairette, Cassis, 2012". Et c'est pas mal pour un début, puisqu'il s'agit d'un assemblage clairette 60%/roussanne 40% (mon St-Jo n'était donc pas déconnant) ... mais en Côtes du Rhône (mon St-Jo n'était donc pas déconnant, bis), du domaine Rabasse Charavin sur 2015.
On marque donc 6 pts pour le cépage.
Vin n°2 : assez gras également mais un peu moins mou que le précédent, je trouve rapidement que ça fait plus rhodanien (rigolo a posteriori puisqu'on était déjà dans le Rhône sur le précédent). Beurré, élevage sensible. Je pense à St-Joseph ou St-Péray.
Laetitia de son côté a noté chardonnay. Pouilly-Fuissé ne serait pas déconnant ... On hésite. L'amertume finale me fait rester dans le Rhône. Mais le pb de la région c'est qu'il faut jouer à pile ou face sur le cépage, tellement on a peu l'habitude de goûter des mono-cépages de l'inséparable paire : alors, roussanne ou marsanne ?
On écrit Roussanne, St-Péray, 2013. Caramba, c'est de la Marsanne, sur St-Joseph, avec un 2015 de la cave de Tain
Sans doute 4 pts pour la région, et on passe à côté des 9 pts du cépage : il faut vraiment qu'on se fasse un match comparatif marsanne vs roussanne !
Vin n°3 : rapidement chardonnay bourguignon sans trop d'hésitation. Beaucoup moins de gras que les vins précédents, bien tendu, légère réduction, équilibre sur l'acidité. Le boisé est soutenu, mais l'acidité nous fait partir dans le nord de la Bourgogne, j'évoque Chablis, ça semble convenir à Laetitia (qui était sur du chardo aussi). En y réflechissant je me dis quand même qu'un tel élevage sur Chablis est rare, voire rarissime ... j'écris "Marsannay ?" ... mais on s'entête ! On propose donc un Chablis 2014, et c'est un ... Saint-Aubin 1er cru 2014 du domaine Roux.
On marque quand même 9 pour le cépage + 3 pour la région (à Chablis on est qd même loin du sud de la Côte d'Or) + 3 pour le millésime puisqu'on a la bonne région.
25 pts en 3 vins, c'est pas mal jusque là ! Mais ça va commencer à se gâter ...
Vin n°4 : nez peu expressif, floral. Moins tendu, moins typé, pas facile à placer, pas de 1e idée évidente. En tout cas c'est sudiste pour tous les deux, Laetitia dit "ça ressemble au 1e". C'est pas faux ... Elle me dit aussi qu'elle a noté sauvignon dès le début. J'ai du mal à y croire, ne voyant aucun des marqueurs du cépage, au moins sur le plan aromatique. De mon côté j'évoque un grenache blanc du Roussillon, ça ne lui cause pas davantage. On reste donc sur notre idée de la proximité avec le 1er vin, du moins avec ce qu'on pensait qu'il était, et juste pour la forme on change le cépage pour proposer un vermentino de Provence en 2013. Erreur, c'était bien un sauvignon majoritaire (60%) en appellation Sainte Foy Bordeaux (Hostens-Picant 2014)
Zéro, zéro, zéroooo ....
Vin n°5 : robe plus intense, jaune or soutenu. En bouche : sucre sensible, touche plastique (en général quand je la sens je pars sur un liquoreux bordelais !). Pas super net. Champignon. Pensé à Alsace au 1er nez, puis au sémillon, puis à du chenin. Abricot rôti. C'est confit, dense ... Laetitia a également pensé à du chenin. Le vin parait suffisamment évolué pour qu'on lui attribue une dizaine d'années. On converge donc vers un chenin de Loire 2006.
Surprise, c'est un pinot gris Grand Cru Gloeckelberg 2010 de la cave de Ribeauvillé.
Un deuxième zéro ! Certes je pourrais regretter ma 1e intuition, mais franchement j'avais rapidement abandonné cette piste alsacienne, et même a posteriori je reste surpris.
C'est fini pour les blancs, on passe aux rouges ...
Vin n°6 : Vu la robe sombre ce n’est manifestement pas un coteaux champenois ! Le nez amène clairement vers le nord, avec un côté terreux, un peu végétal. Je pense évidemment à un cabernet franc de Loire. On sent la rafle, l’équilibre se fait sur les tannins et l’acidité. Laetitia a noté “dur, cacaoté, fruits noirs, Anjou”. Va donc savoir pourquoi je me mets à m’interroger, à songer à une syrah septentrionale pas très mûre !? J’y pense tellement que je finis par poser une réponse “mixte” sur la feuille, avec un combo syrah+Loire 2015 peu académique. Mais bon, à jouer petit bras, aussi, on marque des petits points. Ceux de la région en l’occurrence, puisqu’il s’agissait bien d’un cabernet franc de 2012 en appellation Saumur, domaine Mélaric 3 pts de plus seulement, et une leçon claire : quand on est tous les deux d’accord, il faut garder la réponse commune … On peut se tromper, mais au moins on ne regrette rien. Le pire c’est qu’on reproduit presque la même erreur sur le vin suivant !
Vin n°7 : la robe est claire, le nez sur la groseille, la bouche acidulée, sur une texture clairement nordiste … mais mûre. Je songe gamay bien sûr, mais je trouve la finale un peu chaleureuse, avec presque une pointe de sucrosité. Ca me laisse perplexe, et quand on commence à échanger je vois que Laetitia a la même interrogation. On tergiverse, et comme la note de maturité augmente avec le réchauffement du vin dans le verre on finit par basculer et abandonner notre gamay pour un cinsault, proposant la Terrasse d’Elise en 2013. Ben non, c’était bien un gamay 2015 en appellation Fleurie. Un nouveau zéro, alors qu’on avait 12 pts quasiment dans la poche.
Vin n°8 : robe évoluée, humus, typiquement bordelais, avec un élevage appuyé mais que je trouve élégant … contrairement à Laetitia qui parle de jus de planche. Dire qu’il y a quelques années elle supportait davantage les vins boisés que moi ! En tout cas le vin est équilibré, les tannins bien fondus, je vois ça avec une bonne dizaine d’années. Côté cépage je suis assez convaincu par le merlot, suffisamment pour convaincre Laetitia qu’on est bien rive droite … On propose donc un St-Emilion de 2003, mais c’est en fait bien plus jeune que ça, et en GC. Château de Lescours, 80% merlot, 2010 ! On doit donc marquer 8 pts pour le cépage, et 4 pour la région. Comme on avait fini la 1e série à 28, on en totalise a priori 42.
Vin n°9 : robe plus jeune. Nez fermé. Sud. Puissant. Tannins fins mais présents. Du fruit, une certaine austérité, mais c’est bon. On hésite entre une dominante syrah ou carignan. On penche pour le carignan à cause de la puissance tannique, et on propose Terrasses du Larzac 2014. Raté, c’est 96% de grenache et c’est dans le Rhône, sur Vacqueyras en 2014, domaine de la Ligière. Un point pour le millésime, youhou !
Vin n°10 : robe semblable au précédent, nez plus expressif, sudiste, mûr. Mais en même temps il y a beaucoup moins de tannins, c’est plus fin, presque fluide. Le vin souffre en outre d’un creux en milieu de bouche. Une touche florale fait son apparition et me met le doute. Je me demande si ça ne pourrait pas être un pinot noir d’une année chaude. Laetitia a écrit cabernet sur sa feuille, je suis plutôt surpris. On finit par écrire pinot noir + Bourgogne + 2010, et on passe à côté mais je vois dans les CR que d’autres ont suivi cette (fausse) piste … C’est un assemblage à majorité syrah (68%), 2012, en IGP pays d’Oc. Nouveau zéro :(
Vin n°11 : nez lacté, crémeux. Note de racine. Plus frais. Bon équilibre, je pense à une syrah sur Crozes. Laetitia a écrit syrah ou grenache, on garde donc l’hypothèse commune sur 2012. C’est bien une syrah maj. (70%) de 2012, mais en Minervois. On devrait donc marquer 7+1 pour cépage et millésime, ce qui nous emmènerait à 51 pts … alors que Philippe ne nous a crédités au final que de 47. J’ai dû merdouiller dans mon estimation de points, et ça ne change rien au classement de toute façon puisque ceux de devant sont également à 51 … et qu’on fait un nouveau zéro sur le dernier vin.
Vin n°12 : robe dorée encore jeune, au nez je pense plutôt à un chenin dans un 1er temps. En bouche la liqueur est concentrée, “tapissante”, typée sud-ouest au sens large. Je perçois une note de truffe, mais trouve qu’il n’y a pas l’acidité d’un manseng, et penche pour du sémillon. J’hésite, et vois que Laetitia en fait de même, après avoir écrit un SGN Loire autoritaire au début, puis évoqué Pacherenc … On se dit qu’on va revenir vers notre 1e choix commun qui était la Loire, en proposant un chenin en Cx du Layon de 2010. Erreur, c’était bien un petit manseng en IGP Comté-Tolosan, 2011. Un vague regret sur le cépage, mais je trouvais que ça manquait de finesse et aurais sans doute choisi gros manseng.
Cinq zéros sur douze vins, ça pique forcément. Evidemment, comme tout le monde, et comme à chaque fois, on a eu la bonne piste sur un bord de la langue à un moment ou à un autre sur plusieurs de ces vins, et on peut au moins regretter notre prise de risques sur les vins 6 et 7, qui nous font perdre une vingtaine de points. Mais bon, même avec 20 pts de plus on ne gagnait que 7 ou 8 places ...