Retour sur les propos de la joueuse suisse, lus sur theage.com.au :

"I don't want to talk about goals because I'm a very realistic person and don't want to live in a dream world. I would love to be world number one again, but I can only see if that's possible once I start competing again. I don't think I would be happy to just be running behind everybody with being (top) 25."
"But when you see that there is still Mary Pierce having one of the best years, and Lindsay Davenport still at the top, the Williams sisters, those are still the same players who I was competing against. So hopefully I can do the same again."
C'est donc la saison remarquable de Pierce, pourtant pas loin de la retraite il y a un an, qui aurait servi de déclencheur ? J'imagine la frustration que l'on doit ressentir quand on a été au plus haut niveau, de voir des adversaires que l'on a déjà dominés continuer à remporter des tournois, en haut de l'affiche ...
Et quoi qu'en pensent les zélateurs de la théorie du "money rules everything", je ne vois qu'une seule explication à ça : l'esprit de compétition.
Qu'est-ce qui peut pousser un Hermann Maier à tout faire pour revenir au plus haut niveau ? L'envie irrépressible d'amasser davantage d'euros ? Je n'y crois pas un seul instant. Mais le plaisir de se battre à armes égales, de prendre le dessus sur ses concurrents, non pas pour les humilier, mais pour la fierté d'être allé au bout de soi-même, d'avoir atteint la plénitude technique et physique, avec en plus l'aiguillon que constitue l'autre, ce rival que l'on respecte mais que l'on veut dépasser parce qu'il fixe un niveau "de référence".
Même quand je cours seul, je cours aussi contre un chrono, un joggeur imaginaire, régulier et insaisissable, que j'essaie malgré tout de dépasser dans un sprint final inutile. Et parfois, quand je descends sous cette foutue barre des 12 km/h, j'exulte ! Parce que j'ai enfin battu monsieur-douze-kilomètres-heure, ce salaud sans dossard qui n'est jamais fatigué. Alors quand le challenger revêt une apparence physique, quelle aubaine ! Non seulement je le vois, mais en plus il transpire, il doute. Il tergiverse, je lui pose des problèmes qu'il ne sait pas résoudre ... Mais par dessus le marché je l'encourage presque secrètement, parce qu'il doit jouer à son meilleur niveau pour que ma performance ait de la valeur. Quelle satisfaction, de battre un opposant diminué ? Il faut qu'il soit bon ! Mais pas trop, juste ce qu'il faut pour me laisser gagner ... Et dans ce cas, je l'aime ! :-)