Jean-Baptiste Rudelle n'a pas aimé le livre La Fabrique des Crétins de Jean-Paul Brighelli, et le dit.
Et moi j'ai sursauté à la lecture de ce passage de son billet :

La valeur d’un employé réside dans sa productivité, qui est elle-même corrélée (imparfaitement il est vrai) à ses études. Ce n’est pas un hasard si le taux de chômage est inversement proportionnel au niveau des diplômes.

Ce n'est assurément pas un hasard, mais sûrement pas au sens où il l'entend. Si le taux de chômage est aussi lié à la hiérarchie des diplômes, c'est presque exclusivement à la frilosité des recruteurs et à l'élitisme du système (éducatif et ressourcehumanesque) français qu'on le doit.

Qui peut prétendre que la productivité d'un autodidacte à un poste de cadre moyen serait inférieure à celle de tous les diplômés qui occupent actuellement ces postes, alors que d'autodidactes justement il n'y en a point ? Comment argumenter sur la base d'un présupposé ? Tous les recruteurs refusent les candidats hors des clous, parce que tous les recruteurs sont persuadés que les candidats hors des clous ne seront pas suffisamment performants/opérationnels/productifs/... Mais sur quelle base s'appuient-ils donc, pour penser et (ré)agir ainsi ?

Est-ce normal qu'il soit impossible de passer la porte d'entrée d'une entreprise si on n'a pas le sésame adéquat, et pire encore, est-ce normal que la progression d'un salarié, reconnu comme performant, soit encore liée à la "valeur" d'un diplôme obtenu des années plus tôt ?

La France est un pays de frileux, qui a peur de rouler vite, qui a peur de boire, qui a peur de la grippe. Rouler vite peut tuer, boire peut tuer, la grippe peut tuer. Mais peut-être le recrutement d'un non-diplômé (ou d'un "mal-diplômé") peut-il tuer lui aussi, après tout ...