D'après François Mauss (1, 2), les prix des crus classés bordelais sont complètement déconnectés de la réalité, et 2006 risque d'être le millésime qui va faire déborder la barrique.

Mais la "réalité", ici, c'est quoi ? La qualité des vins ? Non, les prix n'y sont assurément pas indexés, sinon ils n'auraient pas connu pareille évolution ces dix dernières années. Les notes des critiques ? Pas davantage. Il faudrait remettre la main sur la note "moyenne" donnée par un Parker (ou un autre, pour les allergiques) aux dix derniers millésimes pour constater qu'elle reste dans une fourchette assez étroite.
La réalité, ici, c'est celle du marché. Celle d'un marché quasiment parfait, sans régulation, sans législateur intrusif, presque débarrassé de la problématique des coûts de production (comme le rappelle F. Mauss le prix de revient d'une bouteille de vin rouge ne dépasse pas 20 euros), un marché qui illustre à merveille la "magie" de la confrontation offre/demande. Or la demande est faite par le nombre de High-Net-Worth Individuals, des individus suffisamment riches pour ne pas se préoccuper d'une bouteille de vins à trois, voire quatre chiffres en euros ou en dollars.
Il se trouve que le nombre de ces HNWIs a doublé en 8 ans. Je suis prêt à parier que la courbe d'augmentation du prix moyen des grands crus classés suit une évolution tout à fait comparable ... et qu'il n'y a pas vraiment de raisons pour que cela s'arrête.