Ce soir, je suis tombé amoureux. Il, oui, c'est un garçon, il s'appelle Glen.
Glen Grant.
1965, de chez Signatory Vintage.

Ce soir, c'était la dernière soirée de l'année à la Maison du Whisky, la soirée spéciale "vieux millésimes".
Ca commence avec un Laphroaig 30 ans. Je ne connaissais que la version de base de Laphroaig, le 10 ans, trop caricatural à mon goût, trop monolithique. Là c'est un whisky bien différent, très rond, proposant un caractère tourbé bien équilibré, dont on apprécie la finesse du nez. C'est enjôleur, ça enveloppe le palais en douceur, grande longueur ...

On change d'ile, de continent, de caractère : Karuizawa 18 ans, made in Japan. Un nez qui pète le sherry, explosif, riche. En bouche, rebelote. C'est plein de watts (c'est un cask strength à 62.8°), ça met une claque. Pas facile d'accès, non recommandable à un débutant, en bouche l'opposition avec le précédent est radicale : le palais est sur la défensive, on a l'impression que le whisky rebondit dans tous les sens, son feu ne parvenant pas à se calmer. Un whisky de dégustation, mais pas de méditation ...

Suit un nom mythique : Port Ellen. 1982, mis en bouteille dans la collection Closed Distilleries, par Douglas Laing. Encore un brut de fût, bien sûr. Le nez : wouaha ! La quintessence d'Islay ! Mes premiers contacts avec Port Ellen n'avaient pas été concluants, en tout cas pas à la hauteur de la réputation (et des prix) de la distillerie. Là c'est splendide, d'une grande finesse. Le premier contact en bouche est un poil en retrait, puis on l'oublie rapidement, le whisky évoluant rapidement, gagnant en séduction. Ne pas craquer. Demander le prix. 165 euros. Ah, "seulement" ? Hem. Avec J on se regarde : "on s'en partage une ?". "Boh, je pensais m'en prendre une pour moi tout seul". "Ma foi, cette option me convient aussi :)".

Mais ce n'est pas fini. Jean-Marc Bellier et Thierry Benitah, comme tous les présents qui ont eu l'occasion d'y goûter, sont fans de Glen Grant 64. La planète malt toute entière d'ailleurs. On va goûter le 65, embouteillé par Signatory Vintage. Je n'avais jusqu'à présent jamais connu d'expérience quasi-mystique avec de très vieux millésimes, que j'avais souvent trouvés "décevants" (tout est relatif, hein). Mais cette fois ce n'est pas relatif, c'est du bonheur absolu. Un truc de dingue. Au nez, je ne parierais jamais whisky. Armagnac, plutôt. Et calvados. Pruneau, pomme, poire, fruits, boisé de grande classe, c'est énorme. En bouche c'est majestueux. J'adore.