(cf. billet précédent sur le sujet)

Rappel du scénario : A (le client) paie B (la société de services) qui rémunère C (les techniciens/ingénieurs/whatever)
Or B rémunère C aux prix du marché (du moins en début de carrière).
Comme B prend une marge (qui lui permet d'investir - même si les investissements sont souvent limités pour une société de services - et d'asseoir sa stabilité financière, condition nécessaire -hum- à la croissance), même les plus mauvais en économie auront percuté que A paie C plus cher qu'elle ne le ferait si elle employait directement C.

Un exemple chiffré ? Dans mon secteur, un débutant touche entre 25 et 30 k€ par an. En comptant 40% de charges patronales (je n'ai pas ma feuille de paie sous la main, à vérifier), disons 40 k€ pour l'employeur. Avec 217 jours travaillés, on tombe sur 185 euros par jour. Or ce même débutant est facturé aux alentours de 300 euros par jour. Tous les artifices calculatoires du monde (fondés -coûts fixes, formations ...- ou pas) ne permettront pas de combler ce gap, et il est clair que A paie le travail de C plus cher avec intermédiaire que sans, ce qui relève d'une redoutable mais néanmoins implacable logique économique.
Pour quelle raison ? La flexibilité, évidemment. Quand A frissonne à l'idée de devoir assumer pendant quatre décennies l'entretien de la lourde charge qu'est un salarié "titulaire" (dont le licenciement à titre individuel est, généralement, d'autant plus difficile à justifier que l'employeur est gros - et je ne parle pas du tour de taille du taulier), il se réjouit à l'idée de pouvoir se séparer à terme échu des prestataires avec lesquels il a conclu un contrat de quelques mois, rarement plus d'un an. Une baisse de charge ? Hop, récuperez vos ouailles, on n'en veut plus !
(début d'une parenthèse dangereusement politique)
On comprend mieux, à l'aune de cette fracassante révélation (ah non ?), que le CPE puisse être un motif de réjouissance supplémentaire pour les mammouths de l'industrie. La même flexibilité, en couleurs et sans intermédiaire, donc pour un coût total moindre en dépit des indemnités de fin de contrat. Avec, en plus, la perspective de dégraisser considérablement les panels de fournisseurs/prestataires, point qui fait partie des objectifs claironnés par tous les "gros comptes" (dans le langage des SSII, un "compte" est un client) depuis une bonne paire d'années.
(fin de la parenthèse dangereusement politique)

(à suivre)