La simulation numérique occupe une place majeure aujourd'hui dans la conception d'un véhicule, mais ce n'en est qu'un outil. Un outil complexe, certes de plus en plus accessible, mais qui demande un certain savoir-faire. Ces compétences spécifiques s'acquièrent sur le tas, les formations universitaires ou d'ingénieur se contentant de fournir un socle sur lequel on peut ensuite s'appuyer.
Un jeune diplômé connaît à peu près les fondements théoriques de la méthode des éléments finis, aura normalement eu lors de son cursus l'occasion de s'exercer sur un des logiciels disponibles sur le marché, la plupart du temps sur des cas-tests académiques qui sont généralement assez loin des problèmes réels dans l'industrie, et aura peut-être fait un stage significatif dans ce domaine. Mais sa formation est loin d'être terminée, et lorsqu'il débute son premier CDI (ou CDD ... ou CPE puisque c'est à la mode ces jours-ci), il n'est la plupart du temps pas opérationnel, loin s'en faut.

L'industrie mécanique a un besoin massif d'ingénieurs calcul. Je n'ai pas de chiffres précis mais cela se compte chez un constructeur automobile en centaines, plus qu'en dizaines. Plutôt que de les embaucher directement, elle préfère faire appel à ce qu'on nomme des sociétés de (prestation de) services, qui se chargent de leur fournir les forces vives nécessaires à la réalisation d'une mission théoriquement bien identifiée.
Schéma de principe : la grosse société A fait appel à la petite société B, qui emploie et rémunère des ingénieurs. B facture la prestation à A, et paie ainsi ses salariés en conservant au passage une marge qui lui permet de survivre, et idéalement de grossir.
Le statut des salariés de B est plus confortable que celui des intérimaires, par exemple. Ils sont embauchés en CDI, et donc même lorsque l'équipe commerciale de B ne leur trouve pas de mission ils percoivent leur salaire, lors de périodes dites d'inter-contrat. Cet inter-contrat peut se dérouler soit au sein même des locaux de l'employeur si celui-ci dispose de l'infrastructure suffisante, soit ... à la maison. Le salarié doit cependant (et naturellement) rester à la disposition de son employeur, c'est-à-dire mobilisable en gros dans la journée, ce qui lui interdit entre autres d'aller bronzer sur les plages néo-calédoniennes ...
(à suivre)