(Misère, il est vraiment mauvais ce titre. Qu'on pende le coupable)
Profitant de la présence d'échiquiers king-size dans les jardins publics autrichiens, j'ai donc rejoué un peu ces derniers temps, ce qui m'a permis de réaliser que j'avais parfaitement oublié les quelques schémas d'ouvertures que j'avais laborieusement appris il y a une bonne dizaine d'années.
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Ah, le grand horloger me dit que ça fait plutôt quinze ans ... Effectivement, c'est en prépa que j'y ai le plus joué. Pendant que les GI étaient envoyés une première fois faire des pâtés de sable dans le désert irakien, je ruinais mes chances de passer en M' en consacrant plus de temps à jouer aux échecs avec mes voisins d'internat qu'à bosser sur le Ramis - c'était l'ouvrage qui faisait référence à l'époque ; est-ce toujours vrai aujourd'hui ?
(1991 : Wikipedia nous rappelle que c'est l'année où un certain Linus Torvalds sort la première version du noyau Linux, où l'URSS disparait définitivement, et où P.G de Gennes obtient le Nobel de physique. Liste d'évènements évidemment non exhaustive, parce que je me souviens, aussi, cette année, j'ai fait caca ...)
Bref, fin de l'interlude culturel, revenons à nos pions : on ne se refait pas, je sens l'échiquéïte me regagner petit à petit. Or qui dit envie de jouer, dit besoin de trouver des adversaires. Ma mie et ma pomme avons ainsi fait quelques parties. Mais même si elle sait pousser les pièces, j'ai encore, heureusement, un résidu de niveau qui me permet de gagner (pour l'instant) à coup sûr. Or si on peut jouer au tennis en adaptant son niveau à celui de son adversaire, il est plus difficile de procéder de la sorte aux échecs. A part en commettant intentionnellement des erreurs, mais bon, hein, comme disait ma grand-mère, "mais bon" ...
Donc j'ai jeté un coup d'oeil aux logiciels qui existent. Et fatalement je me suis repenché sur ce qui se fait de mieux dans le domaine, non pas pour m'étalonner, mais juste pour me rafraichir les idées sur l'état de l'art à ce jour, moi qui en étais resté à l'affrontement Kasparov-Deep Blue.
Neuf ans plus tard, la terreur des GMI s'appelle Hydra. Elle a battu en 2005 le septième joueur mondial sur le score de ... 5.5 à 0.5 ! Et reste à ce jour "invaincue contre un humain non assisté en rencontre temps-réel".
Je savais que le go était le dernier terrain sur lequel l'homme manifestait sa suprématie (quoique, je nous soupçonne d'être également plus performants à la cueillette de champignons), mais j'ignorais qu'homo sapiens se fut ainsi fait ratatiner aux échecs par une bête machine 64 processeurs.
On peut lire sur chessbase une interview de Michael Adams (c'est l'homme sage qui s'est pris sa branlée). Morceaux choisis :
"Hydra proved to be far more powerful than anyone expected."
"Perhaps it was a bit of a problem for me that I had a very busy schedule this year to focus specifically on the Hydra project. From the Hydra side there were only 20 published games available to us – a very small number – against 2000 games of mine – smiles a bit of an imbalance. But Hydra plays very well indeed, very often it plays human-style chess, which is strange."
"Hydra basically likes to play very aggressively, go forward. This is the obvious style for a computer, but I think other computers have not really adopted this in such a clear-cut way as Hydra has."
"In general I tried to play some nice strings and perhaps this enabled the computer also to show some of its own strings. In some of the Deep Blue games Kasparov just tried to spoil computer’s play, but of course the drawback to this strategy was that it also harmed his own play. It is two different strategies. The problem is, I think, if top players in the world try just to spoil the computer’s play the outcome will only be worse. The quality of the games overall will be lower."
"The black games were quite interesting because it was virtually impossible for me to even get on the board. It is incredibly hard against Hydra. It will be the real test in future matches whether human players will be able to put up some resistance with the black pieces. With white it is possible to do things against Hydra – I think that is clear from the match overall. But with black it was just not possible for me."
A lire également sur le sujet :
- chez Jonathan Schaeffer, des récits "vivants" du deuxième affrontement Kasparov - Deep Blue en 97, ainsi que des matchs (pdf) qui ont opposé Vladimir Kramnik à Deep Fritz en 2002 puis Kasparov à Deep Junior en 2003.
2 réactions
1 De Vicnent - 09/09/2006, 18:56
je fus 1750 Elo à une époque.... mais le temps manquant... (je fus aussi 32ième français au snooker...)
1750, pas mal. C'était grosso modo le niveau du meileur d'entre nous en prépa, et je me faisais régulièrement torcher :) Les seules fois où je le battais c'était en blitz 5' contre 2' ... Quant au billard, j'adore le français (un peu plus de 1 de moyenne en libre), mais n'ai jamais essayé le snook. La table est trop grande :)
Bref, merci de me replonger dans les échecs... Hydra ? à voir, je ne connais pas du tout...Bref, on en reparlera le 21 octobre. tu pourras mettre "met IRL tt" ;-)
?? Il se passe quoi le 21 ?
2 De Vicnent - 09/09/2006, 20:05
Et encore, j'avais programmé un moteur à 2300...
Pour le 21 octobre, j'ai pas encore envoyé le mail... c'est pour mes 31 ans que je fête pour la quatrième fois.... donc, je fais une boum...