(A croire que le sous-dimensionnement des lieux de commodité est d'autant plus patent que le nombre d'employés diminue)

Il y a un peu plus de trois ans, peu après un changement de lieu de travail (passant d'un établissement de 10000 personnes à un de 300, mais surtout à densité chiottesque nettement réduite), je constatais la force de mon propre conditionnement à vouloir éteindre des interrupteurs qui n'existent pas, mais remarquais que le souci de minimisation de mes dépenses énergétiques me poussait (sic) malgré tout à choisir les toilettes de l'étage situé immédiatement en-dessous, plutôt que celles du dessus.

Dans mon nouveau nouveau lieu de travail (depuis mai 2010), le problème se pose de manière encore plus aiguë : pour la bonne vingtaine de poilus de nos locaux, ainsi que ceux de l'entreprise voisine (en nombre indéterminé, mais pifométré comparable), il n'y a plus qu'un seul merdoir (r) pour mâles (ainsi qu'un pour femelles, pourtant bien moins nombreuses, la vie est injuste) sur le palier. Ceux des étages contigus ont feinté, ils ont intériorisé leurs chiottes. Rascals !

40 personnes passant une à deux fois par jour 3 minutes dans le petit coin critique, on se doute aisément que sur 8 heures de présence la probabilité de trouver porte close est élevée (non Vicnent, je ne suis pas d'accord pour utiliser Poisson, l'hypothèse d'indépendance du temps écoulé entre deux évenèments n'est amha pas satisfaite, il y a clairement des moments de la journée privilégiés pour cet acte).

Le salarié dysentérique ou gastro-entéritique n'a pas d'autre stratégie évidente que l'attente, éventuellement ponctuée de tambourinements plaintifs sur la porte afin d'aider l'occupant temporaire des lieux à réaliser que ce n'est pas un salon de lecture (on excusera le dit occupant s'il est affairé à se battre contre ces %£$§& de rouleaux de PQ compacts dont la quête du feuillet libre est parfois plus pénible que celle du Graal, mais ceci fera l'objet d'un billet spécifique).

En revanche le salarié dont le transit est normal (oui, deux fois par jour c'est un transit normal, en tout cas pour moi) a le choix : patienter, ou retenter sa chance un peu plus tard (ce qui lui fait perdre le temps d'un aller-retour à son bureau[1], mais gagner l'opportunité de tomber sur un merdoir libre - et moins malodorant).

Le constipé, lui, est un ennemi pour tous les autres.

La construction d'un modèle me semble inéluctable (à moins que quelqu'un ait eu vent -resic- d'un éventuel IgNobel sur le thème ....? ).



(Ceux de mes lecteurs ayant une culture musicale respectable, c'est-à-dire comparable à la mienne, auront évidemment reconnu dans le titre du billet ce morceau de Screamin Jay Hawkins)

Notes

[1] au risque, en repassant devant ses collègues, de passer lui-même pour un salarié dysentérique