CHAPITRE 2 : LA BOULIMIE

(J'aurais pu simplement appeler ce chapitre "L'apprentissage", mais il y a souvent, en tout cas chez moi, une phase assez boulimique dans tout apprentissage)

2000 : timide que j'étais, j'ai mis trois ans avant d'oser m'incruster dans les réunions hebdomadaires de parigots frmistes, qui s'étaient déplacés de l'Escholier, place de la Sorbonne, au Père Tranquille, bd Daumesnil. L'année 2000 c'était aussi celle, sjmsb, de mes débuts à Carole, profitant d'une invitation lancée par Richard Almet, concessionnaire de son état et participant occasionnel à frm, à une "journée découverte" de la piste ainsi que de quelques motos mises à notre disposition. Tours de roue en Duke, avec un tout droit dans le gravier avant le pif suite à un petit coup de chaud du liquide de frein (heureusement que ça ne m'était pas arrivé à Hôtel ...), et en RSV 1000. Miam.

Août 2000 : première vraie longue balade, en solo. Je descends sur la côte en deux jours, via les Vosges, l'Ardèche et la Drôme à l'aller, puis les Alpes, le Jura et le Morvan au retour.
Mais fin 2000 je n'avais pas encore fait de balade en groupe. Ca allait changer et début 2001 je m'inscrivais à ma première NC (ndlr : net-concentre, rassemblement annuel des contributeurs d'frm dont la première édition remontait à 1997), prévue pour le mois de mai.

Avril 2001 : en une journée à la météo incertaine de ce printemps 2001 quelques motards du technocentre et moi-même décidions de nous faire quelques sessions de cire cuite à Carole. Premier tour sur piste séchante après une averse, début du deuxième, je me dis que les pneus ont sans doute un peu commencé à chauffer, je mets un poil plus d'angle à l'entrée du pif. Erreur. La séquence suivante en accéléré ? Merd'merd' - relever la moto - aie - bobo pouce gauche - camionnette du circuit - camion de pompiers - hopital - radio - pouce cassé avec entorse.
Cinq semaines ne suffisant pas pour récupérer, je ratai la NC dans le Verdon et son orage diluvien resté dans les mémoires.

Juillet 2001 : Welqalp. Week-End des Lopettes Qui Admirent Le Paysage. Premier contact avec d'autres gens d'autres régions sur d'autres routes. Loin, ailleurs, là où il fait chaud, et où c'est beau. Un week-end zen, serein, parfait. A une piqûre de guêpe près pour Nicolas ...

2001 : ma première gamelle sur circuit ne m'avait pas découragé, mais simplement convaincu d'investir dans une combi. C'est sûr, avec elle sur le dos et ma moto de pizzaiolo (j'enlevais quand même le top-case pour tourner), je ne passais pas inaperçu. La fin de l'été et l'automne 2001 furent l'occasion d'arsouilles mémorables entre poireaux, avec Thomas et son 400 Bandit, Christophe et son 500 GPZ, Fabrice et son 350 RDLC. On commençait à songer à passer sous les 1'20" ...

Août 2001 : l'expérience grandissant, et avec elle l'envie de rouler sur des engins nettement moins raisonnables, je faisais péter le porte-monnaie pour acheter une compagne à l'Inazuma. Un gros bicylindre noir avec des Yosh carbone et une gueule de voyou. Oui, encore une Suz'. Rien de volontaire là dedans, je suis tout sauf un intégriste de la marque, mais bon, le rapport prestations-prix offert par le TL (d'occas' lui aussi, 18000 kms au compteur, payé 43000 F) était imbattable. J'étais depuis peu séparé de N. et avais emménagé juste en face du boulot, où j'allais désormais à pied. L'Inazuma prenait donc momentanément un peu de repos et ne me servait que le soir pour sortir sur Paris, alors que le TL était consacré aux balades. La moto à peine achetée, je rééditais mon périple estival sur la côte, où je descendais cette fois en une seule traite : 650 bornes d'autoroute, puis traversée plein est pour rejoindre la route Napoléon. Arrivé à Mouans-Sartoux un peu fourbu (mais pas plus qu'avec le GSX en fait), et une énorme banane sous le casque. La sonorité de cette machine était démoniaque ...

Septembre 2001 : côtoyant quelques triumphistes au boulot et sur Paris, je suis invité à un week-end entre triumphistes, au coeur de l'Auvergne. Je ne roulais évidemment pas en Triumph, mais ces gens-là ne sont pas racistes. Moi non plus, et j'en profitais pour essayer la Daytona de Marc. Moteur moins agréable que celui du TL en bas, mais plus pêchu en haut, surtout qu'il était en version libre. Ahh, ce calva brut de fût. Ah, cet aligot. Ah, le Sancy dans le brouillard.

Octobre 2001 : la BG, c'est la balade gauloise, organisée à Anost, au coeur du Morvan. Encore un endroit où on mange fort mal, et où on n'a pas passé des heures à refaire le monde avec Philou et Vince alors que tout le monde dormait ... Le w.e aurait été parfait si je n'avais pas été embêté par un kit-chaine dont la détérioration avait été aussi rapide qu'imprévue.

Printemps 2002 : le welqalp 2001 avait été l'occasion de rouler avec quelques-uns des sages de la population frmiste. J'étais cette fois convié à participer à PB02 : Pourrissage en Belgitude ... La hiérarchie fr.* d'Usenet n'est pas que française, elle est francophone. Frm était par conséquent également occupé par certains belges, et si tout le monde sait que, de tous les peuples de la Gaule, ce sont les plus braves, "nos" belges en particulier sont de bons vivants, aux rires sonores (qui n'a pas entendu Serge et Stéphane glousser de concert ne peut pas l'imaginer), à la descente solide, et généreux dans le vissage de poignée. Serge en VTR SP1, Stef en 1200 Bandit, Olivier en VTR, le Philou d'outre-Quievrain et le Philou lorrain en 1150 GS, et bibi qui commençait à apprivoiser son missile à roulettes, suffisamment en tout cas pour se hasarder à ouvrir en grand et essayer de suivre ces furieux. Découverte de l'ivresse de l'arsouille sur route ... Oui monsieur l'agent, c'est mal. Mais c'est bon ! J'y gagnais un pseudo, et le monde moto un néologisme : cabroliser, cela signifiait désormais doubler en ligne droite en profitant honteusement de son troupeau de chevaux.

mai 2002 : balade d'une journée dans le Morvan, avec d'autres motards parisiens dont certains que je ne connaissais alors qu'à peine ; Corinne, Seb, Antoine, Kris, Marc ...

mai 2002 : Rouge-Gazon. C'est le nom d'un hôtel situé au bout d'une route à vaches, au-dessus de Saint-Maurice sur Moselle, dans les Vosges. C'est devenu le nom de la balade, organisée par Philou et Manu. Les Vosges en mai, il peut y faire soit très chaud, soit plutôt humide. On aura eu les deux dans le week-end. Et on aura souvent roulé à des allures pas raisonnables du tout, notamment avec Serge et Stef. Pfff ...

Juin 2002 : la Dedestivale, c'est une balade organisée par Dédé pour remercier les frmistes de leur soutien suite à l'accident dont il avait été victime un an plus tôt. Et pour un coup d'essai, ce fut un coup de maitre. Gite inoubliable à Laprugne, non pour la beauté de la barre d'immeubles dans lesquels on logeait, mais pour la piscine, les environs, les routes, les gens, la météo (caniculaire), l'ambiance.

Août 2002 : VS02, pour Valais Suisse, parce que la francophonie d'frm n'est pas représentée que par des belges. Souvenir d'un bout d'arsouille avec une Clio V6, dans la descente du Nufenen je crois. Découverte des cols helvètes, Grimsel, Furka, Saint-Gothard ...

Septembre 2002 : pour fêter mon anniversaire, de sinistres individus n'ont rien trouvé de mieux que de me piquer le TL, dans le parking souterrain de mon immeuble. L'indemnisation de l'AMDM est heureusement très correcte, et comme j'envisageais plus ou moins de m'en séparer pour raisons financières, ça ne s'est finalement pas révélé si douloureux que je l'imaginais. J'avais quand même parcouru près de 25000 bornes à son guidon en un an, uniquement pour de la balade. Boulimique, disais-je.

Septembre 2002 : coup de fil d'Antoine. "Je devais participer au Virolothon (ndlr : une balade organisée par des lyonnais dans leur triste région où il n'y a ni montagnes ni virages et où, en plus, on mange mal) mais j'ai un empêchement de dernière minute et comme je devais en plus emmener une copine en passagère je te propose de récupérer les deux". C'est comme ça que je me suis retrouvé au guidon d'une 1150 GS avec une inconnue derrière moi. Débuts hésitants entre les files de l'A6 pour quitter Paris, compte tenu de la largeur du bestiau valises incluses. Isabelle, devant, fait chanter les Termignoni de sa 900SSie pour persuader les automobilistes de me laisser un peu de place.
La bouteille de rhum-gingembre préparée par Laurent et torchée à deux avec Sam le premier soir ; le départ de Duerne dans la brume du petit matin ; le parc du Pilat ; le col de la Bataille traversé dans l'après-midi sous un brouillard à couper au couteau, avec les warnings pour ne pas perdre les petits canards qui me suivaient (moi, à demi concentré, une seule main sur le guidon : "c'est marrant, ça fait 5' qu'on roule à 10 à l'heure alors qu'en fait c'est tout droit, ça serait rigolo qu'on tombe sur une épingle maintenant" - Calamity, derrière moi : "c'est quoi ça là-bas ?" - moi, remettant fissa la deuxième main sur le guidon : "merde, une épingle !") ; les discussions jusqu'à trois heures du mat ; le plaisir énorme dans les gorges de la Bourne, profitant de l'équilibre parfait de la GS, bluffante de par sa facilité à être balancée d'un virage à l'autre ... Ma passagère semble se régaler, et moi aussi. Faudrait juste rajouter un moteur, sur cette bécane :)

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